Ebranlé par les offensives rebelles, le gouvernement libérien a appelé mercredi à une trêve. Les insurgés du LURD sont aux portes de la capitale Monrovia. A défaut de répondre aux exigences des rebelles, qui réclament le départ pur et simple du président Taylor, le gouvernement libérien s'est dit prêt mercredi à observer un cessez-le-feu. C'est ce que le ministre de la Défense, Daniel Chea, a déclaré à la presse au moment où les troupes des Libériens unis pour la réconciliation et la démocratie se font plus menaçantes. Depuis le début de leur offensive, il y a tout juste une semaine, les rebelles ont en effet nettement progressé en direction de la capitale malgré la présence de l'armée loyaliste. Mercredi, Monrovia était tout simplement en état de siège et des tirs y étaient même entendus au nord-ouest. L'évacuation lundi de plus de 500 ressortissants étrangers, diplomates, représentants de l'ONU et personnel du HCR en dit aussi beaucoup sur l'ampleur des combats dans ce pays frappé par une nouvelle guerre civile depuis 1999. Il s'agit des affrontements les plus intenses depuis que le LURD a pris les armes pour éliminer Charles Taylor, lui-même un ancien putschiste. Forts du contrôle qu'ils exercent sur plus de la moitié de cet Etat voisin de la Côte d'Ivoire, de la Sierra Leone et de la Guinée, les rebelles semblent avoir concentré tous leurs efforts sur la capitale. Mais, sous la pression de la communauté internationale et notamment des appels au cessez-le-feu de l'ONU, ils ont assuré mercredi avoir stoppé leur progression. Ce même jour, alors que les médiateurs ouest-africains de la CEDEAO se faisaient toujours attendre à Monrovia, les pourparlers entre le pouvoir et la rébellion devaient reprendre au Ghana. «La communauté internationale doit être très stricte avec toutes les parties impliquées dans le conflit qui devraient à présent cesser les combats et se tenir prêtes à signer un accord de cessez-le-feu», a déclaré l'ambassadeur des Etats-Unis au Liberia, John Blaney, après avoir rencontré le président Taylor mardi. Il faut dire que cette guerre civile rappelle à la population de tristes souvenirs. Fondé au 19ème siècle par des Afro-américains, le Liberia a vite viré du rêve au cauchemar lors des violents affrontements qui ont opposé immigrés et autochtones, les «natives». Les premiers, minoritaires, ont réussi à garder le pouvoir jusqu'au premier coup d'Etat de 1980 et l'installation d'un régime militaire. Mené d'une main de fer par le général Samuel Doe, ce dernier a à son tour été confronté à une terrible guerre civile déclenchée en 1989 par Le Front national patriotique du Liberia (NPFL) de Charles Taylor ! Terribles, ces combats et massacres se sont terminés avec l'accord de paix de 1996… et un bilan de 250.000 morts et de centaines de milliers de déplacés. L'année suivante, le chef de guerre Taylor a remporté l'élection présidentielle, déclenchant l'émergence de nouveaux groupes opposés, comme le LURD au nord. Accusé d'alimenter la guerre en Sierra Leone et de profiter du trafic d'armes et de diamants, le président libérien est sanctionné, comme l'ensemble de son pays, depuis plusieurs années par l'ONU. Jusqu'au 4 juin dernier, jour où il a été inculpé pour crimes de guerre en Sierra Leone par le tribunal spécial de Freetown, M. Taylor a refusé toute mise en place d'un gouvernement d'unité nationale. Ce à quoi il est désormais officiellement favorable, mais jusqu'à quel point ?