En 24 heures, trois soldats américains ont été tués à Bagdad. Pour contrer la guérilla, Washington a décidé d'accélérer la transition politique du pays. Les Etats-Unis se retrouvent, aussi, confrontés à «une crise de confiance» avec Ankara. Deux soldats américains ont été tués lors d'attaques contre leurs convois dimanche soir et lundi matin à Bagdad. Leur décès est intervenu après celui d'un autre GI tué dans la journée de dimanche sur le campus universitaire de la capitale. A ces attaques exclusivement axées sur les Américains, se sont ajoutées ces derniers jours des violences contre les Occidentaux en général et les Irakiens qui collaborent avec la coalition. A Bagdad même, un journaliste britannique a ainsi été tué d'une balle dans la tête samedi, tandis que des bureaux de l'ONU étaient la cible de grenades. Le même jour, l'explosion d'une bombe a coûté la vie à 7 policiers irakiens, qui venaient d'être formés par des Américains, à Ramadi, située à 100 km à l'ouest de Bagdad. Dimanche soir, cette localité à majorité sunnite a également connu de nouveaux accrochages et de nouvelles explosions. Une patrouille américaine a même été attaquée au lance-roquette. Trois mois après la chute de l'ancien régime, les troupes de la coalition ont donc non seulement du mal à rétablir la sécurité en Irak, mais le pays s'enlise aussi dans une guérilla de plus en plus active et organisée. Cette multiplication des attaques a-t-elle un lien avec le message diffusé vendredi par Al-Jazeera et attribué au président en fuite ? Saddam Hussein y affirmait qu'il se trouvait toujours en Irak et il y appelait à la guerre contre les occupants. Ces derniers, malmenés militairement et politiquement, multiplient désormais les déclarations pour tenter d'apaiser la population. Dimanche, le représentant spécial de l'ONU pour l'Irak, Sergio Vieira de Mello, a laissé entendre qu'un «Conseil de gouvernement transitoire» pourrait bientôt être créé. Ce projet avait pourtant été abandonné par l'administrateur civil Paul Bremer qui avait opté le 1er juin pour un simple «Conseil politique» dont le but était d'appuyer sa propre équipe dans sa mission de reconstruction. Depuis, une crise s'était installée entre l'envoyé de Washington et les leaders des principaux mouvements irakiens, qui réclamaient le droit de prendre en main leur pays. Aujourd'hui, l'Administration Bush a-t-elle réellement décidé de céder du terrain ? Depuis le week-end dernier, Washington subit aussi les foudres des autorités d'Ankara. Onze soldats turcs avaient été capturés vendredi par les Américains dans le nord de l'Irak où ils auraient projeté d'assassiner un gouverneur kurde. Dimanche soir, ces militaires ont tous été relâchés mais l'incident a provoqué une «crise de confiance», selon le chef d'état-major turc. Le général Hilmi Ozkok l'a même défini comme la plus grande jamais vécue entre les des deux pays pourtant alliés au sein de l'OTAN. «On peut recevoir un renseignement, il peut y avoir un problème, mais j'aurai souhaité qu'on ne le règle pas de cette manière absolument inacceptable», a regretté le général. Autre allié des Etats-Unis en mauvaise posture, le Premier ministre britannique a échappé de peu au scandale politique lundi lorsqu'il a été disculpé par la commission du Parlement sur le dossier des ADM. Certes l'utilisation et la gestion que son gouvernement a fait des renseignements sur les armes de destruction massive censées appartenir à l'Irak, ont été critiquées mais les services de Tony Blair ont été disculpés de toute «influence impropre» sur le dossier…