C'est dans la cathédrale de la Almudena, face au Palais royal que le Prince héritier du Trône d'Espagne, Felipe de Bourbon a épousé samedi la journaliste Letizia Ortiz. La cérémonie qui a réuni près de 1 600 invités était tout simplement majestueuse. Malgré la pluie battante, qui les a privés d'admirer comme ils le souhaitaient le couple célébre, les Espagnols sont sortis nombreux pour saluer le cortège royal qui traversait la capitale pavoisée pour la circonstance. Mais la foule a déjà pu admirer le couple une dizaine de jours plus tôt, lorsque le Prince Felipe accompagné de Letizia, a déposé un bouquet de fleurs à la gare d'Atocha en hommage aux victimes des attentats de Madrid, deux mois tout juste après l'explosion de quatre trains de banlieue. Applaudis par les badauds, les fiancés se sont offert un bain de foule avant de se rendre au collège de Ciudad de Valencia où six orphelins des attentats du 11 mars sont scolarisés, près de la gare de Santa Eugenia où un train avait explosé. Samedi donc, et peu avant 10h 00 GMT, Felipe de Bourbon et Letizia se sont donné un consentement mutuel à la grande joie de l'assistance. Letizia Ortiz est désormais «Son Altesse Royale la Princesse des Asturies». A ce titre, l'ancienne journaliste au 31 printemps, est appelée à devenir un jour la Reine d'Espagne et la première Espagnole à monter sur le Trône depuis Maria de las Mercedes d'Orléans, épouse d'Alphonse XII, en 1878. Elle était vêtue d'une robe de soie nacrée au col en corolle, décolletée en pointe avec une traîne rebrodée de lys et autres motifs héraldiques sur 4,50 mètres et un bouquet en cascade de lys, fleurs d'oranger, roses et épis de blé, son voile retenu par le diadème de platine et diamants de style Empire qu'avait porté la reine Sofia à son mariage en 1962. Les deux nouveaux mariés ont salué le public de la main avant d'être rejoints au balcon par le reste de la famille royale, le Roi Juan Carlos, la reine Sofia, les infantes Elena et Cristina et leurs époux. Après, ils se sont dirigés vers la cour du Palais où était dressé le banquet nuptial avec les plusieurs centaines d'invités. Près de 5000 journalistes représentant une quarantaine de pays avaient été accrédités pour ce mariage qui devait être suivi par 1,2 milliard de téléspectateurs de 160 chaînes de télévision dans le monde, en faisant l'un des plus médiatisés depuis les noces du Prince Charles, héritier du trône d'Angleterre et de Diana, en 1981. Côté sécurité, environ 18 000 policiers, dont 200 tireurs d'élite, s'étaient positionnés dans le centre entièrement interdit à la circulation, tandis que des chasseurs F18 et un avion-radar Awacs prêté par l'OTAN contrôlaient la zone d'exclusion aérienne. C'est tout à fait normal, dans un pays victime depuis 30 ans du terrorisme basque et cible le 11 mars dernier d'attentats les plus meurtriers ayant jamais touché l'Europe (191 morts). D'autant plus que ce dispositif était à la mesure de déploiement de personnalités invitées et parmi lesquelles figuraient une quinzaine de chefs de gouvernement et les représentants d'une trentaine de maisons royales. L'événement a d'autant été salué qu'un timbre commémoratif du mariage sera édité dans les quatre langues de l'Etat espagnol, c'est-à-dire le castillan, le catalan, le basque et galicien. Une nouveauté que les nationalistes catalans ont saluée «comme un symbole de grande importance». Meilleurs vœux pour le nouveau couple.