Pour la première fois depuis sa création en 2004, le Grand prix de la culture amazighe a été décerné à une femme. Mercredi, lors d'une cérémonie solennelle qui s'est déroulée au siège de l'Institut royal de la culture amazighe (IRCAM), Dr Leila Mezian Benjelloun, fille du Maréchal Mohamed Mezian, épouse du magnat de la finance Othmane Benjelloun et présidente de la Fondation BMCE Bank, a reçu des mains du recteur Ahmed Boukous le prestigieux prix honorifique de la culture amazighe décerné chaque année en hommage aux efforts déployés pour la propagation de l'amazigh. Membre fondateur de l'IRCAM au conseil d'administration duquel elle a siégé durant deux mandats consécutifs, Leila Mezian Benjelloun est, à la tête de sa fondation, l'initiatrice d'une centaine d'écoles communautaires où dans le monde rural, avant même «l'intégration de l'amazigh dans l'école publique en 2003-2004», est enseigné l'amazigh. Ahmed Boukous qui a fait l'éloge de la récipiendaire du Prix 2011 a précisé que «la fondation a été la première institution à créer un pôle amazigh, pôle qui a contribué à concevoir un curriculum de l'enseignement de l'amazigh, avec ses finalités stratégiques, ses objectifs opérationnels, sa méthodologie de travail, sa pédagogie et didactique de l'amazigh, son manuel de l'élève et son guide de l'enseignant, son dispositif de formation des maîtres…». En sorte, a-t-il laissé entendre, qu'en reconnaissance des exceptionnels services rendus par le Dr Leila Mezian Benjelloun à l'amazigh, le Grand prix de 2011 n'est que le modeste symbole d'une immense reconnaissance envers une femme de grande intelligence et de grande humanité dont l'action a contribué à «asseoir les bases de la première expérience d'enseignement de l'amazigh». Enseignement que Mahjoubi Aherdane a appelé à étendre tant il lui semble que les cultures et les langues sont comme les civilisations: mortelles. Dans vingt ans, si les Amazighs ne font pas rapidement avancer l'ancrage de leur langue et la réhabilitation de leur culture, les choses seront autrement plus compliquées qu'aujourd'hui, a-t-il déclaré en substance. Il a considéré que les écoles communautaires de Medersa.com créées par la Fondation BMCE Bank sont un modèle à suivre pour généraliser l'usage de la langue qui réconcilie avec la culture des origines. C'est au demeurant un projet qui transcende le cadre de l'amazighité et qui est proprement national, a-t-il affirmé en en donnant pour preuve la présence à la cérémonie de Mohamed Kabbaj, ancien ministre, et celle d'Othmane Benjelloun. «Cette présence bat en brèche l'idée que nos concitoyens fassis sont contre l'amazigh. Cette prétendue inimitié est fausse et tous les Marocains sont conscients de ce que cette culture est l'une des composantes essentielles de notre identité nationale», a-t-il déclaré. Visiblement émue de l'honneur qui lui est échu, les premiers mots du récipiendaire ont été : «C'est avec beaucoup de fierté et d'assurance pour l'avenir de la langue et de la culture amazighes que je reçois ce prix du mérite qui m'est décernée par l'IRCAM, cette prestigieuse institution royale chargée de symboles culturels et civilisationnels, garante de la synergie de toutes les actions de mise en valeur de l'identité amazighe». Un challenge identitaire que «les Marocaines et les Marocains gagneraient à bâtir sur la réconciliation avec leur histoire et sur la convergence vers un avenir meilleur». Outre le prix honorifique de la culture amazighe, l'IRCAM décerne également chaque année des prix nationaux de la création littéraire, de la pensée et de la recherche, de la traduction, de l'éducation et de l'enseignement, de l'information et de la communication audiovisuelle, des arts, et du manuscrit amazigh.