La cour d'appel de Montpellier, Sud de la France, vient d'ordonner la libération d'El Mostafa Berrfai, un Marocain, qui a été pris pour un autre, a passé 18 mois en détention, dont un an en Espagne. Un an et demi de prison pour rien, pas un mot d'excuse, et 50 euros en poche "pour aller se faire pendre ailleurs", écrit le journal "le Midi Libre". "Quelques pas, un regard vers le ciel, et puis il tombe dans les bras de son avocat, Me Jean-Robert Phung, qui vient en trois semaines de mettre un terme à un cauchemar judiciaire qui durait depuis... novembre 2002", poursuit "Le Midi Libre". Dans la nuit du 5 octobre 1991, une bagarre au couteau éclate place de la République à Perpignan, entre deux rivaux amoureux. Le premier, Toufik Boudur, meurt, le second, Mohamed Berrafai, s'enfuit : on ne le retrouvera jamais. En 1998, Mohamed Berrafai est jugé par contumace par la Cour d'assises des Pyrénées-Orientales: trente ans de réclusion et mandat d'arrêt international. Le 11 novembre 2002, onze ans après le meurtre, la police espagnole arrête à Alicante El Mostafa Berrfai, 39 ans, un Marocain qui travaille depuis des années comme soudeur en Espagne, où il a une carte de résident. Il montre ses papiers, qui prouvent que le prénom n'est pas le même, que le nom, à une lettre près, n'est pas identique, qu'il est Marocain, alors qu'on recherche un Algérien. Seule réponse, la prison, un an avant d'être extradé en france. Remis à la justice française à Bayonne, il explique à nouveau sa situation. Même scénario à Perpignan, où il a été transféré en décembre 2003. Il écrit au procureur de la République et encore une fois l'indifférence était de mise. Ce n'est que fin avril, conseillé par un co-détenu, qu'il s'adresse à l'avocat montpelliérain Jean-Robert Phung, lequel fait ce que personne jusqu'ici n'a pris la peine de faire: vérifier ses dires. Pas difficile: son passeport est là, El Mostafa fournit en outre des extraits d'actes de naissance qui ne laissent aucun doute sur son identité. Selon "Le Midi Libre", qui a révélé l'affaire, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Montpellier, saisie d'une demande de mise en liberté, s'est réunie la semaine dernière avant de convoquer à l'audience le frère du véritable tueur recherché.