La large diffusion de l'outil Internet a été au centre des travaux du Forcom 2002. Une question qui remet sur le tapis la politique gouvernementale menée jusque-là et qui est loin de rassurer les opérateurs privés. Atteindre 10 millions d'internautes marocains à l'horizon 2010 suppose toute une révolution. Sans faire preuve de pessimisme, il faut reconnaître qu'au rythme où vont les choses, le pays aura du mal à réaliser cet objectif. Si au niveau du gouvernement, on avance que le «livre bleu », document qui résume aussi bien l'évolution du secteur et la stratégie du Maroc dans ce domaine est prêt et que celui-ci n'attend que l'aval de la Banque Mondiale pour le dévoiler, il y a lieu de reconnaître que tels propos sont loin de rassurer les opérateurs du secteur. Ces derniers ne savent plus à quel saint se vouer. Si les déclarations de bonnes intentions se multiplient, les actions concrètes tardent pourtant à se concrétiser. Le temps presse. Au-delà des aspects culturels, pour plusieurs observateurs avisés, les obstacles qui empêchent une large diffusion de technologies de l'information sont liés au fait que les pouvoirs publics oublient souvent qu'il s'agit avant tout une question de temps et de business. Le retard accusé jusque-là ne fait qu'enfoncer la fracture technologique. Tant que les autorités ne l'ont pas toujours compris, il serait difficile de faire un pas en avant dans le domaine des technologies de l'information et de la communication. Toutes les questions relatives à l'introduction d'Internet seront au menu du Forcom 2002 qui a démarré hier ses travaux à Casablanca. A travers cette rencontre, les organisateurs espèrent donner plus de visibilité aux opérateurs. L'organisation de Forcom intervient à un moment critique marqué par une tension entre les opérateurs privés et les autorités gouvernementales concernant plusieurs chantiers notamment sur le respect de la libéralisation de la téléphonie fixe qui risque d'être retardé malgré les promesses du chef du gouvernement de respecter le calendrier sur lequel il s'est engagé. Pour l'heure, aucune date n'a été précisée concernant le démarrage de l'opération. En attendant, force est de constater que le secteur des technologies de l'information jugé comme étant une des locomotives du développement économique souffre à l'instar d'autres activités aussi stratégiques d'un manque de visibilité qui alimente la méfiance des investisseurs. Ces derniers ont besoin d'un cadre législatif clair et précis. Elargir la diffusion d'Internet dépend de l'évolution des investissements dans les technologies de l'information. Leur augmentation se traduira certainement par la baisse des prix d'accès qui sont pour loin d'encourager la population à franchir le cap.