Pouvons-nous imaginer un Ramadan sans cannelle, poivre, cumin, gingembre ou encore curcuma ? Ces épices qui constituent l'âme de la cuisine marocaine se retrouvent encore plus prisées durant ce mois sacré. «Globalement, la consommation des épices connaît une hausse notable par rapport à la normale durant la période du Ramadan, le marché étant approvisionné plutôt au cours du mois de Châabane. Aussi bien les épices entières que moulues sont concernées», estime Mohamed Astaïb, directeur général de la société Café Sahara. Et d'ajouter que les épices conditionnées constituent une part importante de l'offre dans ce domaine, bien qu'une grande partie de consommateurs, en particulier dans le monde rural et même citadin, préfèrent encore les produits vendus en vrac ou moulus sur place. Une méthode où l'hygiène laisse beaucoup à désirer. Pour prévoir cette hausse de consommation, toutes les dispositions ont été prises de la part des autorités compétentes. Avant de préciser que la hausse est globale et se trouve influence essentiellement par la demande des régions où le commerce traditionnel et rural connaît un engouement durant la période du Ramadan. C'est ainsi que des sources au sein du ministère du Commerce, de l'Industrie et de la Mise à niveau de l'Economie ont fait état de l'approvisionnement du marché national. Pour le poivre par exemple, les stocks détenus par les principaux importateurs jusqu'à fin août 2005 étaient de l'ordre de 78 tonnes. Pour ce qui est du cumin, les stocks ont atteint 119 tonnes, alors que ceux du gingembre sont de l'ordre de 243 tonnes. Concernant la cannelle et le curcuma, leurs stocks respectifs sont de 116 et 115 tonnes. Quant aux importations de ces produits prévues à fin novembre 2005, elles sont de 24 tonnes pour le poivre, 250 tonnes pour le cumin, 108 tonnes pour la cannelle, 79 tonnes pour le curcuma et 109 tonnes pour le gingembre. «Le mois qui précède le début du Ramadan constitue une période de pic pour répondre à la demande et se traduit par un effort d'anticipation des importations et de production pour faire face à la hausse de la consommation», souligne le directeur général de Café Sahara. D'autre part, la demande nationale en café et thé enregistre également une grande hausse. « S'agissant du café, la hausse de la consommation est plus substantielle puisqu'elle approche le double de la consommation en temps normal au niveau de certaines régions du pays. Le choix à ce niveau entre les types de conditionnements est très large et permet à tous les segments de la consommation de trouver le produit convenant à leurs besoins (café moulu, café en grains, café prédosé, goûts et arômes divers) en jouant également sur la diversité offerte par la concurrence très vive dans ce secteur », explique Mohamed Astaïb. D'un autre côté, le café vendu en vrac, qui constitue encore une part non négligeable de la consommation de café au Maroc et répond aux exigences des consommateurs concernés enregistre une hausse de la consommation. « Une grande évolution a été enregistrée durant ces dernières années en matière de qualité de ce type de produit puisqu'il est vendu en grande partie emballé dans des sacs étanches (1 kg ou 5 kg) quelquefois avec valve pour empêcher les pertes d'arôme et l'humidification », ajoute le responsable de Café Sahara. Et de préciser que les conditions de commercialisation au niveau du commerce traditionnel et des souks constituent cependant un handicap pour la sauvegarde de l'ensemble des qualités du produit jusqu'au consommateur final ; toute une dynamique qui ne manque pas d'avoir une incidence positive sur le chiffre d'affaires réalisé sur toute l'année.