Les attaques et ripostes échangées entre le Hezbollah et l'armée israélienne depuis plusieurs jours laissent entrevoir l'ouverture d'un nouveau front au Sud du Liban. Région où la tension est désormais à son comble. Mardi, deux appareils de l'armée israélienne ont survolé la frontière au Sud du Liban, en réponse à plusieurs tirs de roquettes lancés la veille par le Hezbollah. Les deux engins ont parcouru la zone allant de Nqoura, côté Méditerranée, jusqu'à Yarou, plus à l'Est. Au même moment, une nouvelle roquette Katioucha a également été tirée à l'extrémité du village de Ghajar, occupé par l'armée israélienne. Un tir attribué par les services de sécurité libanais à des « hommes armés incontrôlés » et qui est intervenu au lendemain du lancer de trois autres roquettes dans la région du doigt de la Galilée. Lundi, les affrontements ont d'ailleurs été particulièrement intenses avec de nombreuses attaques du Hezbollah sur des positions israéliennes, auxquelles Tsahal a répliqué par une série de raids aériens et de tirs d'artillerie. Au cœur du conflit : le secteur des fermes de Chebaa, un territoire disputé - situé entre le Liban et le plateau du Golan - et occupé par l'Etat hébreu. Le mouvement chiite pro-syrien du Hezbollah a affirmé y avoir frappé six postes militaires. Un avion israélien a ensuite tiré trois roquettes sur la périphérie du village libanais de Kfar Chouba, ainsi que la ville de Hasbaya, située à 8 km au nord de la frontière. Leurs alentours ont aussi été la cible de tirs d'artillerie israéliens qui ont atteint notamment les environs du village de Ghajar, dont une partie se situe en territoire libanais et l'autre sur le plateau du Golan. Ce lundi, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a d'ailleurs prévenu qu'une confrontation plus large était possible mais que son groupe se concentrait pour l'heure sur la zone frontalière des fermes de Chebaa. Cheikh Nasrallah a aussi explicité devant les cadres de son mouvement, un nouveau raisonnement. «Une activité militaire (contre Israël) n'empêchera pas l'invasion sioniste» des territoires palestiniens, a-t-il déclaré. «Nous ne devons pas jouer toutes nos cartes à la fois» sauf si les Israéliens commettaient l'impensable en «poussant les Palestiniens à un exode forcé». «Nous avons une marge de manœuvre dans les fermes de Chebaa (...) même si les israéliens sont mécontents», a enfin ajouté le chef du Hezbollah. Donc pas de conflit ouvert pour l'heure, ce qui semble rejoindre les réticences de l'Etat hébreu à ouvrir un second front. L'armée israélienne s'est toutefois montrée un peu plus menaçante ces derniers jours, notamment avec le déploiement de nouveaux réservistes le long de la frontière. Elle a aussi averti lundi que les attaques du Hezbollah ont « pour la première fois » atteint le secteur nord du plateau syrien du Golan qu'elle occupe depuis 1967. « Comme à leur habitude, les tirs ont d'abord visé le secteur de Har Dov (fermes de Chebaa). Et, comme chaque jour, ces tirs ont été étendus à des secteurs que, jusqu'ici, le Hezbollah se gardait de toucher », a précisé le général Chouki Shihour, du commandement militaire du secteur Nord à la radio. Des tirs qui, selon un autre responsable israélien, «n'auraient pu se produire sans un accord de la Syrie».