ALM : L'ambiguïté existe toujours quant à la définition de l'immobilier du luxe et le haut standing. Comment peut-on distinguer ces deux segments? Mohamed Iqbal El Kettani : En effet, les gens n'arrivent pas à établir une distinction entre l'immobilier du luxe et le haut standing. Dans ce sens, la Fédération nationale des promoteurs immobiliers et le ministère de l'Habitat, de l'Urbanisme et de l'Aménagement de l'espace ont procédé à définir une trame de catégorisation reposant sur une matrice de paramètres et de critères de classification. Il s'agit d'un référentiel technique qui porte sur tous les aspects qualitatifs et les normes spécifiques à chaque catégorie du logement. Ainsi, pour établir une comparaison entre le luxe et le haut standing, il faut tout d'abord se référer à l'environnement urbain du logement et la qualité des matériaux entrant dans la construction. À cet effet, le haut standing est tout type de logement situé dans des zones où le foncier est cher et l'habitat est très prisé. Alors que le luxe peut se trouver au centre-ville comme à proximité des golfs et des résidences touristiques. Comment peut-on définir la conception du luxe au Maroc? Et quelles sont les caractéristiques de ce genre de logement? Techniquement et compte tenu de la catégorisation suscitée, je dirai que le luxe est tout ce qui surpasse dans sa conception et dans ces techniques de réalisation le haut standing. De ce fait, dès qu'on a des matériaux qui dépassent la nomenclature du haut standing on peut le considérer comme étant du luxe . Il faut dire qu'il n'y a pas de critère précis pour répondre à cette norme. Tout dépend, comme je l'ai souligné précédemment, du matériau choisi. Cela peut aller d'une robinetterie en or jusqu'à une piscine olympique à domicile. Ce sont ces détails qui alimentent la conception du luxe dans les demeures marocaines. Quels sont les outils déployés pour répondre au besoin du luxe sur le plan national ? Il n'y a pas de mesures particulières entreprises par la Fédération nationale des promoteurs immobiliers pour développer ce segment. L'immobilier du luxe est en quelque sorte autonome. Il dépend essentiellement de l'offre et de la demande. Quels sont les enjeux de ce segment ? Il est important de voir l'immobilier du luxe se développer au Maroc. Donc les enjeux sont énormes. Soulignons que le marché du luxe est très grand par rapport aux autres segments de l'immobilier d'abord parce qu'il répond à des critères de pouvoir d'achat et aussi par rapport à la clientèle cible qui est à la fois particulière et exigeante. Comment se développe l'immobilier du luxe sur le plan national ? Il est utile de noter que le luxe est destiné pratiquement à la clientèle étrangère. Certes, il y a une tranche de la population qui peut acquérir un bien luxueux, mais le pouvoir d'achat des Marocains ne permet pas à ce que l'on puisse couvrir l'ensemble du territoire national en ce type de logement. Toutefois, l'immobilier du luxe peine toujours à trouver une place dans le marché de l'habitat. Si je devais classer les différents standing en terme de commercialisation ou d'intérêt, on mettrait le luxe en dernier lieu. En général, il se développe moins bien que le logement social ou le moyen standing. L'immobilier du luxe obéit à la loi de l'offre et de la demande. Ainsi tout facteur extérieur peut l'affecter. Il faut dire que dans des villes comme Tanger et Marrakech, on s'est retrouvé avec des invendus. Ceci est dû principalement à la crise économique qui a sévit en Europe et qui s'est répercutée directement sur le marché de l'immobilier du luxe au Maroc. Quelles sont les villes ciblées par ce genre de projets ? On trouvera le luxe dans toutes les grandes villes où le pouvoir d'achat est de plus en plus développé, en l'occurrence Casablanca, Fès et Meknès.