Le groupe Renault, confronté actuellement à une affaire d'espionnage industriel qui l'a contraint à mettre à pied trois cadres la semaine dernière, a vu l'an dernier les ventes de ses trois marques (Renault, Dacia et Renault Samsung Motors) progresser de 13,7% à 2,63 millions de véhicules, sur un marché en croissance de 11,8%. «En Europe, nous démarrerons 2011 avec un portefeuille de commandes élevé, ce qui nous permet d'être confiant sur le premier semestre, mais c'est sur les marchés internationaux que nous irons chercher, comme en 2010, la croissance de nos volumes», a déclaré Jérôme Stoll, directeur commercial de Renault, au cours d'une conférence de presse. Toutes les marques du groupe au losange ont vu leurs ventes progresser l'an dernier et Renault n'avait pas vendu autant de voitures (Mégane, Clio et Dacia Sandero) ou d'utilitaires légers (Master et Trafic) depuis 2005, son précédent record. Sa part de marché dans le monde a légèrement progressé à 3,72% l'an dernier, contre 3,66% en 2009. En Europe, les ventes du groupe ont augmenté de 7,4% en 2010, tandis qu'à l'international, elles ont bondi de 26%. Renault compte poursuivre cette année l'internationalisation de ses ventes, l'un des chevaux de bataille du futur plan stratégique que le groupe dévoilera début février, afin de profiter de la croissance mondiale du marché attendue à plus de 4% en 2011. La part des ventes du groupe hors d'Europe devrait ainsi atteindre cette année 43% de ses ventes totales, contre 37% en 2010 et 34% en 2009. Renault étant très peu présent en Chine, les pays émergents sur lesquels il concentre ses efforts sont le Brésil, la Russie ou encore l'Algérie, marchés auxquels il faut ajouter la Corée. Interrogé sur les fuites dont Renault aurait été victime et pour lesquelles le groupe juge qu'un dépôt de plainte est inévitable, Jérôme Stoll a refusé de faire un commentaire. «Il y a un processus en place pour communiquer sur ce qui s'est passé pour le groupe Renault, et aujourd'hui je voudrais communiquer sur les résultats commerciaux», a répondu Jérôme Stoll aux journalistes, en marge du point de presse. «Comme l'a dit Patrick Pélata, ça ne remet pas en cause la stratégie de Renault dans (le secteur du véhicule électrique)», a-t-il ajouté, faisant référence aux propos tenus par le numéro deux de Renault dans le journal Le Monde publié samedi dernier. Renault venait en 2009 en onzième position mondiale des constructeurs en termes de ventes, et montait à la quatrième place en comptant ses partenaires japonais Nissan et russe AvtoVAZ. Nissan publiera ses propres chiffres de ventes mondiales fin janvier et l'Alliance devrait avoir gagné une place en 2010. Le marché européen – où la demande a été soutenue en 2010 par les dernières primes à la casse encore en vigueur et le rebond de la demande en utilitaires – devrait stagner cette année puisque le groupe l'attend au pire en baisse de 2% et au mieux stable. L'expiration des dernières aides – la prime a disparu en France le 1er janvier – permet pour l'heure au groupe Renault de démarrer l'année «avec un portefeuille de commandes élevé», a poursuivi Jérôme Stoll, mais les ventes du second semestre risquent selon lui d'être inférieures à la période identique de 2009.