Bien que les enquêteurs sont arrivés à élucider l'affaire du cadavre d'Ahmed Belyout découvert découpé en huit morceaux à la décharge publique de Médiouna, ils ne poussent pas encore le soupir de soulagement. Car trois autres cadavres constituent encore, pour eux, un mystère. Les limiers de la Gendarmerie royale de Médiouna qui se sont chargés de l'affaire traduisent l'auteur principal du meurtre, Saïd, son complice et leur commanditaire, la «chikha» Malika, devant le parquet général près la Cour d'appel de Casablanca. En conséquence, l'affaire est close. Seulement, quelques enquêteurs de la police et de la Gendarmerie royale qui enquêtent sur les trois autres affaires de meurtre soupçonnent encore Saïd. Pour eux, il peut être l'assassin des trois autres victimes. Tout est possible. Saïd fut conduit de la prison d'Oukacha aux locaux de la préfecture de police du boulevard Zerktouni. Soumis une fois encore aux interrogatoires, il nie avoir tué l'une des trois autres victimes. Au fil du temps, les enquêteurs sont convaincus qu'il n'a au dos que le meurtre d'Ahmed Belyout. Donc, qui les a tués et découpés en morceaux? Certes, on parle d'un tueur en série qui sévit dans la capitale économique. Seulement, on commence à douter de la thèse de l'élucidation de l'affaire de Médiouna. Et on commence à penser à l'existence de plusieurs tueurs ayant agi par mimétisme, les uns imitent les autres pour tuer leurs victimes, mutiler leurs cadavres, les mettre dans des sacs en plastique et les jeter à la rue. Les enquêteurs affirment que les indices indiquent que les crimes commis ne peuvent pas tous avoir de rapport entre eux. Pourquoi n'ont-ils pas fait la même remarque avant la résolution de l'affaire du meurtre de Médiouna? Pourquoi l'hypothèse de crimes par un serial killer était-elle la plus favorisée ? En fait, chaque hypothèse donne naissance à une autre. Mais, l'élucidation de l'affaire de Médiouna n'a pas permis la résolution d'une autre affaire surtout celles qui sont relatives aux trois meurtres. Au contraire, les choses vont se compliquer au fil des jours. Les enquêteurs vont se retrouver entre l'enclume de la découverte de nouveaux cadavres et le marteau de l'auteur (ou les auteurs) des crimes. La preuve ? Nous sommes le dimanche 2 février 2003, la veille de la fête du sacrifice, Aïd El Adha. Vers 6 h 30 du matin, à l'angle de la rue piétonne Oussama Bnou Zaïd (Ex-rue de Jura) et du boulevard Brahim Roudani, un petit taxi vient de s'arrêter. Calmement, un homme ouvre la portière et descend. Il paie le chauffeur et lui demande d'attendre quelques minutes, le temps de récupérer deux cartons ficelés et déposés sur la galerie du petit taxi. Il récupère le premier carton qu'il pose par terre et prend le second avant de permettre au chauffeur du taxi de partir. L'air normal, l'homme s'engage dans la rue piétonne, Oussama Bnou Zaïd portant dans ses bras l'un des deux cartons et laissant l'autre par terre à l'entrée de la rue, loin de deux ou trois mètres du bar-restaurant La Presse. Un client de ce bar-restaurant de Casablanca et un détaillant de cigarettes le regardent. Tous les deux croient que cet individu va déposer chez lui ce lourd carton contenant quelques marchandises pour revenir récupérer l'autre. Le client du bar-restaurant La Presse et le détaillant de cigarettes échangent des regards avant que le premier ingurgite sa tasse de café noir et le second s'asseye sur sa chaise en attendant un client. Cet homme reviendra-t-il pour récupérer son carton ?