ALM : C'est rare de vous voir interpréter le premier rôle dans des films destinés au grand écran. Pourquoi ? Ouassila Sabhi : Malheureusement, nos cinéastes marocains ne m'ont pas encore donné l'occasion d'interpréter le premier rôle dans des films destinés au grand écran. Par contre, les réalisateurs étrangers m'ont donné cette opportunité. J'ai joué dans plusieurs productions étrangères, notamment dans le film italien «La straniera» et le film américain «Noha». J'ai joué dans plusieurs courts-métrages marocains et j'ai obtenu le Prix de la meilleure actrice au Festival des courts-métrages organisé par l' IGA à Rabat. Vous participez souvent dans les téléfilms. Qu'est-ce qui explique ce choix? Il est vrai que j'ai joué dans plusieurs téléfilms. J'ai reçu plusieurs invitations et j'ai participé à bon nombre de séries ainsi qu'à des téléfeuilletons tels que «Al abriaa», «Le petit bonheur», «Al warit», «Al okhtobout», «Ghrayeb Mariya», «Nouwarra», «Jirane lhouma», «Attahouna», «la brigade» et bien d'autres. En faisant de la télé, on s'approche de plus en plus du public marocain et de la société marocaine, contrairement au cinéma. J'essaie de garder une bonne image et de respecter le public marocain en faisant en sorte de ne pas trahir sa confiance en moi. C'est de cette manière que l'on teste son amour et son degré de satisfaction. Vous ne pouvez pas imaginer ma grande joie quand je croise des gens dans la rue et je ressens leur amour envers moi. Ne pensez-vous pas que les rôles que vous interprétez se ressemblent ? Mes rôles ne se ressemblent pas, je trouve que c'est tout à fait le contraire. Je crois en «l'acteur caméléon». C'est la raison pour laquelle j'essaie toujours de varier mes rôles pour satisfaire le côté interne de Ouassila l'actrice mais aussi le public qui doit me voir à chaque fois dans un rôle différent. J'ai joué le rôle de la fille modeste, dans «Bent nass» la bien éduquée, la pudique, dans «Alwarit» et «Jirane lhouma». J'ai aussi joué le rôle d'une fille libérale, le rôle d'une femme médecin à «Al abriaa» , d'une journaliste dans «Nouwara», d'une femme moderne et orgueilleuse dans «Ghrayeb Mariya» ainsi que le rôle d'une princesse dans le film syrien «Moulouk attawaif». Tous ces rôles prouvent à quel point ils sont différents les uns des autres. Que représente pour vous le théâtre ? Le théâtre représente pour moi un amour d'enfance. C'est là où je me trouve le plus. Le théâtre est la rencontre directe avec le public, c'est un plaisir magique et incroyable, que seuls les acteurs qui montent sur scène peuvent ressentir. Malheureusement, beaucoup de gens ne comprennent pas ce qu'est le vrai théâtre. Le théâtre est là pour faire face aux mystères et conflits qui inquiètent. Les gens de théâtre doivent chercher ainsi à créer un «miroir social», un reflet plus ou moins caricatural de la société, qui permet de mieux la comprendre, et de mieux dénoncer ses failles, et bien sûr cela ne peut se produire qu'à travers le comique ou le tragique. Comment évaluez-vous votre expérience dans le domaine du cinéma après vos études à l'ISADAC? Je suis pour la formation académique, car le talent tout seul ne suffit pas. C'est grâce à la formation que j'ai reçue à l'ISADAC, que j'ai appris à découvrir la spécificité du geste artistique, acquérir des habitudes culturelles en éprouvant le plaisir des émotions partagées et en apprenant à décrypter les signes de la représentation. Pourquoi donc se former ? Pour permettre de faire, de dire, de lire, de s'instruire, de profiter des stages institutionnels, et des échanges culturels, pour être un bon acteur, instruit et averti. Est-ce que vous avez d'autres expériences dans ce domaine? Je participe dans plusieurs feuilletons radiophoniques. Je travail aussi dans une chaîne radiophonique marocaine, où je suis animatrice et je réalise quelques émissions. J'ai animé dernièrement la 3ème édition du Festival international du film de femmes de Salé, en compagnie du grand acteur Hicham El Ouali. Comment voyez-vous la scène artistique marocaine ? La scène artistique marocaine est en mouvement. On fait de plus en plus d'efforts pour progresser et aller de l'avant dans ce domaine. Cela dit, il reste encore un énorme travail à faire. Il faut bien structurer la forme artistique au Maroc et donner aux artistes les droits qu'ils méritent. Quel rôle aimeriez- vous incarner à l'avenir ? Je souhaite jouer le rôle d'une femme forte et courageuse, qui se bat pour son pays, pour ses enfants, pour toute l'humanité . Bref, une mère Thérèsa. Quels sont vos autres talents cachés à part le cinéma ? J'ai un amour fou pour le bricolage. J'aime bricoler et faire tout chez moi. J'aime aussi dessiner. Parlez-nous de Ouassila Sabhi la femme? Ouassila, c'est une femme simple et modeste qui reste très attachée aux racines et à la tradition. C'est aussi une femme très sensible. Quels sont vos loisirs ? Il faut dire que je passe tout mon temps à tourner. Sinon quand j'ai un peu de temps, j'aime rester chez moi , cuisiner, lire, écrire, voir des films ou recevoir mes amis. Quels sont vos projet ? J'ai de nouveaux films qui vont sortir prochainement, «La récole du péché» de Mohamed Attifi, «Bich boys» de Youness Regab, et «Le gagnant» de Chawki Loufir. Je ferai une tournée théâtrale avec Mohamed Ljem en France, dans deux semaines, et je donnerai quelques représentations de la pièce de théâtre «Dar lghaliya» ici au Maroc, et j'ai d'autres projets en cours. Que voudriez-vous dire au public marocain? Je remercie toutes les personnes qui m'ont aidée et ont contribué à ma réussite ainsi que le public marocain.