Du haut de ses 23 ans, Rachid Chaâbane plus connu par son pseudonyme M-Sif alias Lamkadem a réussi à se distinguer dans la foisonnante scène du rap de Meknès. Dans cette ville dont est issu l'un des premiers groupes marocains professionnels de rap notamment les H-kaïne, la culture hip hop fait rage. Meknès compte quelque 600 groupes de rap. On comprend donc que pour s'y faire un nom, une place, il faut vraiment avoir du talent. Toute la «communauté rap» de Meknès mais aussi des autres villes du Maroc connaît M-Sif pour sa verve expressive et ses textes marqués par l'autodérision. Le premier single qui l'avait révélé s'intitule «Message». Tout cela pour dire l'importance qu'a le message dans la musique engagée de notre jeune rappeur. L'une de ses plus récentes chansons «Naal book al Facebook» a cartonné dans la toile. Tous les «facebookers» qui ne l'ont pas écoutée doivent le faire. Parce que les contours de leur réseau social virtuel y sont dessinés avec une subtilité, une mélodie élaborée et un ton ironique qui facilitent l'accès au large public. Issu du Mellah, un quartier populaire de Meknès Rachid Chaâbane a commencé à s'intéresser à la musique en 2000, dévorant toutes les cassettes qui lui passaient par la main, que ce soit de la musique raï, de la musique indienne, de la pop surtout Michael Jackson, ou plus tard du rap avec Notorious B.I.G et le groupe américain NAS. En parallèle, Rachid poursuit ses études, puis sa formation professionnelle jusqu'à décrocher un diplôme de technicien en froid et climatisation. Actuellement, il travaille dans un café, l'une des affaires de son père. Mais c'est surtout la musique qui l'a toujours passionné. Comme pour tous les jeunes Marocains, après les cassettes viennent à une époque les cilps diffusés sur les chaînes satellitaires étrangères, puis les CD, puis Internet. Et c'est tout un monde qui s'ouvre pour Rachid. Il prend peu à peu conscience de son identité devant tout ce flot d'influences et de cultures. Il choisit sa voie. Et Rachid devient M-Sif. Un chevalier-poète comme il en existait avant dans la civilisation arabe. Un individu avec une éthique et une morale qu'il partage à travers ses vers et sa métrique poétique. D'ailleurs, le «M» de son pseudonyme désigne, selon lui, «Maroc». Et «Sif» (épée en arabe), symbolise toutes les valeurs de la chevalerie arabe ancienne et que M-Sif veut actualiser à travers sa musique et son verbe ironique et tranchant. M-Sif s'inspire de sa vie quotidienne, de ses aventures urbaines et de la société marocaine en général. D'ailleurs c'est un grand dévoreur de journaux, toujours à l'affût de l'actualité. Et c'est pour cela qu'il se donne aussi pour surnom «Lamkadem». Ce pseudo lui permet d'être accessible à un large public notamment jeune et moins jeune issu de la classe populaire. Il leur raconte les nouveautés du monde moderne et des autres contrées, un peu comme un troubadour contemporain. Tout y passe : Grippe A, notamment dans le titre «Influenza Tkhanzir», Facebook, ou encore les déboires de G. Bush et la fameuse chaussure. À noter que M-Sif, alias Lamkadem, a participé au Boulevard en 2008 comme invité. Ses singles ont été diffusés dans diverses stations de Radio nationales. Il compte lancer prochainement son 1er Album «Chno Dayyar F'ssok». Il est également prévu qu'il participe à une grande campagne médiatique de sensibilisation pour l'alphabétisation à laquelle prennent part des artistes comme la chanteuse Sahraoui Saïda Charaf, Asmaâ Lamnaouar et d'autres. Cette campagne qui sera adressée aux personnes âgées est initiée par l'association «Moultaka Biladi». M-Sif, un artiste qui reflète la vitalité et la diversité des voix des jeunes Marocains, est à écouter avec le cœur et l'esprit et surtout à prendre au sérieux, malgré sa légèreté et son humour apparents.