ALM: Le gouvernement a annoncé, avant le début du mois de Ramadan, l'approvisionnement en abondance du marché par les produits alimentaires. Qu'en pensez-vous? Bouazza Kherrati : Jusqu'à ce jour aucune pénurie n'a été constatée. Pour une fois, le Gouvernement a eu raison. Cette année a été une bonne année agricole. Toutefois, le mois de Ramadan doit être banalisé en matière de consommation à l'instar de certains pays asiatiques musulmans. C'est un mois de prière et d'abstinence et non pas celui de la goinfrerie et du gaspillage dont les conséquences sont dures pour le portefeuille et la santé. Avez-vous constaté une cherté des produits de base durant le mois sacré? A l'exception des prix des viandes rouges, blanches et du poisson, les prix des autres denrées ont été abordables par le consommateur. Pour certains, l'AMPOC a noté une légère diminution de prix par rapport à 2008. La hausse des prix des viandes rouges est due à la rétention des animaux par les éleveurs (disponibilité des aliments) et par le la diminution de l'offre des viandes de volaille (15 à 20% de perte consécutive à la canicule) et des poissons (diminution des captures).
Pensez-vous que les mesures prises pour la protection du consommateur durant ce mois sont suffisantes? Est-ce que le consommateur marocain jeûne-t- il onze mois sur douze et ne consomme qu'au mois de Ramadan? A cette question, l'AMPOC sollicite le gouvernement à réfléchir sur la problématique du contrôle. C'est le levier de toute politique de protection du consommateur. Bien sûr, l'Etat ne peut en aucun cas mettre un contrôleur à tous les coins de la rue. La création de l'ONSSA (Office national de la sécurité sanitaire des aliments) est le premier jalon de la protection recherché du consommateur. Par ailleurs, l'engagement du gouvernement à protéger le consommateur au mois de Ramadan dénote une prise de conscience très louable pourvu qu'elle ne soit pas éphémère. La logique veut que les mesures de contrôle doivent être permanentes et non occasionnelles. Quant au contrôle des prix, les interventions de l'Etat sont superflues et ne concernent que les produits subventionnés. Pour le reste, l'obligation légale reste l'affichage des prix et non pas sa hausse. Que faut-il faire de plus, à votre avis? Plusieurs actions doivent être entreprises, à savoir la redéfinition du marché intérieur et la mise en place d'une politique sérieuse de résorption des vendeurs ambulants. Il faut également une mise à niveau de tous les intervenants des secteurs de la production, du transport et de grande et petite distribution. Parmi les autres mesures figurent entre autres l'activation d'urgence de l'ONSSA, la création d'un conseil national de la consommation ( il ne faut pas attendre la promulgation du projet de loi 31-08) et sensibilisation des consommateurs pour qu'ils deviennent de véritables partenaires économiques.