Elle, c'est une marque prestigieuse autant par son histoire et ses spécialités (sécurité, break…) que par ses modèles et leur clientèle bourgeoise et avertie. Lui, c'est un label généraliste parmi les plus connus de l'Empire du Milieu et surtout, un constructeur d'avenir. Plus que jamais, même. C'est d'ailleurs ce qu'il faudra le plus retenir du groupe Geely, dont les responsables auraient signé, le mois dernier, une lettre d'intention avec le groupe Ford propriétaire de Volvo, en vue de l'acquisition de cette dernière. Certes, l'information n'est pas encore officielle, mais elle a bien été rapportée par plusieurs agences de presse internationales. De plus, cela fait plusieurs mois que courraient des rumeurs sur ce rachat. Mieux encore, d'autres grands groupes chinois comme Chery et BAIC (Beijing Automotive Industry Holding Corp) étaient candidats pour la reprise de la marque suédoise que Ford cherche à céder depuis plusieurs mois et ce, pour parachever son redressement financier. Puis surtout, le gouvernement chinois aurait donné, il y a un peu plus d'un mois, son aval à Geely et tiré la ligne de crédit facilitant cette transaction financière dont on ignore le montant. Selon une autre rumeur, les Chinois auraient déboursé pas moins de 3 milliards de dollars (!) pour acquérir Volvo. Normal : ils ne reprennent pas un constructeur déficitaire ou en mal d'image, mais bien un label de luxe, dont la gamme actuelle connaît un franc succès. Poussé par les autorités chinoises et plus précisément, le gouvernement local de Dongying, Geely a non seulement sorti le grand jeu dans cette partie de poker, mais s'est dit prêt à offrir une nouvelle dimension (industrielle et commerciale) pour Volvo. Prêt, dans le sens où ce chinois devrait, dit-on, injecter quelque 10 millions de dollars pour le redéploiement industriel de Volvo en Chine. D'ailleurs et toujours selon les bruits qui courent, le XC90 serait le premier modèle produit par Volvo dans l'usine de Geely de Dongguan (province de Guangzhou) qui est réservé au marché local et ce, dès 2011. Bref, que du conditionnel pour alimenter les rumeurs et les curiosités, en attendant que tous les dessous et contours de ce rapprochement stratégique soient officialisés. Pourtant, une courte lecture –là aussi providentielle– peut d'ores et déjà être faite. Concrètement, Volvo va non seulement s'ouvrir pleinement au premier marché automobile mondial, mais pourrait aussi voir sa production annuelle dépasser le million d'unités (comme Mercedes, BMW et Audi), avec des coûts de main-d'œuvre sensiblement revus à la baisse et partant une meilleure compétitivité. De son côté, Geely va profiter de tout le savoir-faire du constructeur suédois et d'un transfert de technologie non négligeable puisqu'il ferait des automobiles Geely, les plus sophistiquées et surtout les plus sûres des voitures «made in China». A n'en pas douter, cette fusion-acquisition a toutes ses chances pour fonctionner à merveille. Il n'y a qu'à voir l'évolution des marques Jaguar et Land Rover depuis leur reprise par le groupe Tata.