Dès que Naïma El Ghouati a mis les pieds dans ce club de sport à El Youssoufia, la ville où elle réside, elle n'en est plus sortie. Elle n'avait que 5 ans et pourtant sa passion pour le sport était très grande au point de devenir sa seule préoccupation. Naïma savait qu'elle était faite pour la gymnastique et c'est ce qu'elle a choisi pour sa carrière. En 1985, à 11ans, elle intègre l'équipe nationale de gymnastique et commence alors à creuser son chemin. Cette même année, elle remporte une médaille d'or aux Jeux panarabes et s'approprie le titre de championne du Maroc benjamine. L'année suivante, elle s'envole vers la Russie pour participer à un tournoi international, où elle a brillé puisqu'elle a remporté le trophée devenant la plus jeune participante à décrocher cette victoire. Tournoi des clubs de France, Jeux panarabes en Syrie, tournoi de Tunisie… Naïma est toujours sur les podiums. Elle a eu droit de nouveau au titre de championne du Maroc benjamine. Mais derrière ce succès, il n'y a pas que le hasard, mais beaucoup d'efforts et d'entraînement. «Pour les compétitions, je m'entraînais huit heures par jour, six jours sur sept. Je participais à des stages de formation et à des tournois internationaux pour me perfectionner», affirme-t-elle. Mohammed Chakir, Mme Ho et d'autres, notamment des Russes, l'ont encadrée et parfois c'était difficile de supporter de longues heures d'exercices : «je souffrais beaucoup et j'avais souvant des blessures, un mal de dos ou aux talons. Le rythme des entraînements était infernal, en plus des régimes pour garder la ligne, car être sportive nécessite un énorme effort», souligne Naïma. Lors des Jeux panarabes de Casablanca organisés en 1989, Naïma El Ghouati décroche une médaille d'or aux barres symétriques, une autre médaille d'or au sol et une médaille d'argent au concours général. Elle remporte, comme d'habitude, son titre de championne du Maroc, catégorie nationale. En 1990, elle remporte le championnat d'Afrique par équipe organisé à Alger. Naïma décroche quatre médailles : en compétition individuelle, aux barres symétriques, au saut de cheval et au sol. La quête des médailles se poursuit au point que le titre de champion du Maroc est devenue une sorte de tradition annuelle pour la jeune athlète. A Indianapolis aux Etats-Unis, en 1991, Naïma est une sportive comblée: «J'étais la première arabe africaine au championnat du Monde. J'ai rencontré les champions de la gymnastique.» Impossible d'arrêter l'infatigable Naïma El Ghouati. Emplie d'une grande ambition, El Ghouati offre au Maroc trois médailles d'or, lors du Championnat africain organisé à Casablanca en 1993. Des Jeux panarabes du Caire, l'année suivante, elle récolte quatre médailles d'or aux quatre agrès et finit la saison en beauté avec son titre de championne nationale et la Coupe du Trône. En 1999, elle est membre de l'équipe nationale lors des Jeux panarabes en Jordanie. «Durant les compétitions, j'ai eu un grave accident qui m'a coûté une blessure aux genoux. Mes ligaments étaient déchirés. La Princesse Rahma de Jordanie s'est occupée de mon opération sur place et les membres de la Fédération royale de gymnastique m'ont énormément soutenue. J'ai suivi un long traitement et des séances de kinésithérapie pour pouvoir reprendre les compétitions mais en vain. Et un autre accident de voiture que j'ai eu, ensuite, n'a pas arrangé les choses. J'ai, malheureusement, perdu mes parents», confie-t-elle avec chagrin.En 2002, S.M le Roi Mohammed VI lui accorde un Wissam de sport de 1er degré. Naïma El Ghouati n'a pas quitté les terrains. Elle travaille au sein de la Fédération royale marocaine de gymnastique. Elle entraîne les benjamines. Bientôt, on entendra parler de ces championnes en herbe qu'elle a prises sous sa houlette.