Quelque 8.000 grands taxis ont bénéficié d'une prime à la casse. Sur un parc total de 40.000 taxis au niveau national, l'opération prime à la casse lancée par le gouvernement pour le renouvellement des taxis peine à atteindre sa vitesse de croisière. Le gouvernement décide alors de se donner mais également donner une nouvelle chance. Mohamed Hassad, ministre de l'intérieur, et Mohamed Boussaid, ministre de l'économie et des finances, viennent de signer une nouvelle décision prorogeant l'opération. Le gouvernement s'était engagé à verser une prime à la casse pour chaque taximan qui décide de renouveler son véhicule. Seulement voilà, durant les premiers mois de l'opération, les taximen ne se sont pas bousculés au portillon. La faute aux professionnels ? Ces derniers s'en défendent. Pour les syndicalistes, si l'opération ne prend pas encore son envol, les causes sont à chercher ailleurs. «Bénéficier de l'opération suppose l'établissement d'un nouveau contrat type entre les propriétaires des agréments et les chauffeurs exploitants. Or, de nombreux détenteurs des agréments exigent de la part des taximen le versement d'une «Hlawa» (caution) et une revalorisation du loyer mensuel», explique Mohamed Herrak, secrétaire général du syndicat des grands taxis affilié à la CDT (Confédération démocratique du travail). Et de poursuivre : «Les propriétaires des agréments ont recours à des procédures judiciaires, ce qui retarde encore plus l'opération du renouvellement du cadre qui à notre point de vue est une opération dans le bon sens de la part du gouvernement afin de professionnaliser et réformer le secteur».
Prime insuffisante Les syndicats pointent du doigt d'autres facteurs qui seraient à l'origine d'un engouement minime de la part des taximen pour l'opération. En effet, le gouvernement verse une prime à la casse de l'ordre de 80.000 dirhams. Le coût total de l'opération est ainsi estimé à plus de 3 milliards de dirhams, ce qui reste un effort considérable de la part des pouvoirs publics. Les syndicalistes, eux, voient les choses autrement. «La prime à la casse proposée est considérable mais reste insuffisante. Il est souhaitable que le gouvernement ajoute 20.000 dirhams de plus pour permettre aux chauffeurs de renouveler les véhicules dans de bonnes conditions», souhaite Herrak. Ceci doit amèner le montant de la prime à la casse à 100.000 dirhams, ce qui est loin d'être à l'ordre du jour pour le gouvernement. Face à la faible demande de la part des chauffeurs, les concessionnaires automobiles sont plutôt plus actifs comme en témoigne la multitude des offres proposées sur le marché national dans le cadre de cette opération. Plusieurs marques de voitures proposent depuis des mois des formules adaptées. Cela dit, les syndicats ont quelques reproches concernant certains concessionnaires. «Le respect du délai de livraison des nouveaux véhicules n'est pas respecté par certains concessionnaires. Le délai peut parfois dépasser les deux mois, ce qui reste plutôt long pour les exploitants ayant des engagements», explique Mohamed Mitali, président de l'Union des fédérations nationales des chauffeurs et professionnels du transport. Reste à savoir si les 11 mois supplémentaires décidés par le gouvernement seront suffisants pour renouveler les 32.000 grands taxis vétustes qui sillonnent les routes. A noter que la grande partie de ces taxis est constituée de Mercedes 240. Un modèle dont la production s'est arrêtée depuis 1986.