Un pas de plus vient d'être franchi par le Maroc vers la consommation d'une énergie plus propre. La société Acwa Power, chargée de la mise en place du parc éolien Khalladi, vient d'annoncer via un communiqué de presse que le montage financier du projet vient d'être bouclé. Globalement, ce projet porte sur le développement, la construction, la propriété et l'exploitation d'un parc éolien de 120 MW situé à Jbel Sendouq-Khalladi dans le nord du pays, près de Tanger. Premier projet de ce type depuis la promulgation de la loi 13-09 relative aux énergies renouvelables, le parc Khalladi permettra à des producteurs privés d'électricité d'approvisionner en direct des clients connectés au réseau haute tension, notamment les industriels. Une première au Maroc. «85% de l'énergie produite sera vendue à trois gros clients industriels. Le reste de l'énergie produite sera vendu soit dans le cadre de contrat court terme de vente d'électricité ou encore à l'ONEE», a déclaré Rajit Nanda, responsable de l'investissement à Acwa Power. Autre particularité de ce projet, son financement aura été finalisé sans aucune subvention. Il se base sur une dette long terme avec notamment l'apport de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) en collaboration avec le Fonds pour les technologies propres (Clean Technology Fund - CTF), et la Banque marocaine du commerce extérieur (BMCE). Il est à noter que le projet Khalladi sera le premier projet en énergies renouvelables financé par la BERD au Maroc et basé uniquement sur un financement contractuel en dehors de toute subvention. «Cette éolienne à capitaux privés vendra de l'électricité directement à de grandes sociétés industrielles. Elle aidera le Maroc, qui dépend d'importations d'hydrocarbures, à faire un pas important vers un secteur énergétique plus propre, plus durable, mais aussi vers une plus grande sécurité énergétique», a déclaré Nandita Parshad, directrice à la BERD en charge de l'électricité et l'énergie. Pour le financement de ce projet, la BERD et la BMCE ont proposé une enveloppe budgétaire de 126 millions d'euros. Ces fonds devront financer non seulement la construction et l'exploitation du parc éolien, mais également son entretien. Rappelons que le géant saoudien du secteur de l'énergie, Acwa Power, est d'ores et déjà présent au Maroc à travers le développement des trois premières phases du programme Noor à Ouarzazate, qui, une fois le projet à terme, devrait être le plus grand complexe d'énergie solaire à l'échelle mondiale. En ce qui concerne le projet Khalladi, dès que les éoliennes seront opérationnelle, il sera à même de générer plus de 630 MW d'énergie propre. Le projet participera ainsi à l'objectif que s'était tracé le Maroc de développer 2000 MW de capacité éolienne à l'horizon 2020. Le projet permettra, par ailleurs, de réduire de manière significative les émissions de gaz à effet de serre, c'est-à-dire environ 200.000 tonnes de CO2 en moins chaque année. Le projet permettra, en outre, une meilleure intégration des acteurs de l'industrie régionale, et générera quelque 300 emplois en période de pointe. Le soutien de la BERD pour la libéralisation du secteur de l'énergie La Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD) semble accorder une attention particulière au secteur de l'énergie renouvelable dans la région. Le parc éolien Khalladi est le premier projet lancé dans le cadre du nouveau programme de financement de la BERD en faveur de la production d'énergies renouvelables dans la partie méridionale et orientale du bassin méditerranéen. Avec une enveloppe budgétaire de 250 millions de dollars, ce programme se veut un soutien aux entreprises énergétiques du secteur privé produisant de l'électricité renouvelable au Maroc, en Egypte, en Tunisie et en Jordanie. Un financement du Fonds pour l'environnement mondial et un deuxième du Fonds pour les technologies propres viennent compléter les prêts accordés par la BERD à ces pays au titre de ce programme. En ce qui concerne le Maroc, la BERD se dit convaincue que le secteur a besoin de plus de libéralisation. La banque européenne continue de mener un dialogue sur les politiques publiques avec le ministère de l'énergie en vue de favoriser la libéralisation progressive du secteur de l'électricité au Maroc. La BERD est présente depuis 2012 dans le Royaume. Jusqu'à aujourd'hui, la banque a investi 640 millions d'euros dans 22 projets à travers tout le pays, auxquels s'ajoutent plus de 150 millions d'euros de lignes de crédit accordées à des banques locales au titre du financement des échanges.
Ce que permet la nouvelle législation La loi 13-09 est un tournant majeur pour le secteur de l'énergie au Maroc. Depuis que l'amendement proposé par le ministre de l'énergie, des mines, de l'eau et de l'environnement, Abdelkader Amara a été adopté il y a quelques mois, de nouvelles perspectives se sont ouvertes pour le Royaume en matière d'énergie renouvelable. Il faut dire que l'un des objectifs essentiels de ce texte est d'encourager les initiatives privées, afin de booster le développement du secteur. Concrètement, cette loi donne le droit à un exploitant de produire de l'électricité à partir de sources d'énergies renouvelables qu'il fournira de manière directe à un consommateur ou à un groupement de consommateurs raccordés au réseau électrique national de moyenne tension (MT), haute tension (HT) ou très haute tension (THT). Cela comprend les consommateurs au Maroc ou à l'étranger, du moment que l'opération est dans le cadre d'une convention entre les deux parties, où celles-ci s'engagent à extraire et à consommer l'électricité exclusivement pour leur usage propre. Dans la pratique, la nouvelle législation est beaucoup moins restrictive que le texte précédent. Ainsi, elle ouvre l'accès aux consommateurs raccordés au réseau MT, ce qui n'était pas le cas avant, elle supprime la limitation de 50MW précédemment en vigueur et, point essentiel, elle permet aux entreprises d'exporter l'électricité produite.