Âgé d'à peine 21 ans, Othmane Zolati a décidé de se lancer en solo dans une aventure pas toujours tentée mais sensationnelle : parcourir l'Afrique à pied. Ses ambitions ne comptent pas s'arrêter là. La tête sur les épaules et surtout les pieds sur terre, le globe-trotter marocain se préparera par la suite à une nouvelle cible qu'est l'Amérique du Sud. ALM : Comment vous est venue l'idée de traverser l'Afrique à pied ?
Othmane Zolati : Après avoir parcouru le Maroc à vélo, à pied et en auto-stop, j'ai décidé d'entamer une autre aventure, légèrement différente de la première mais avec une plus grande dimension. Elle consiste à me baser sur le moyen de transport dont je dispose, c'est-à-dire mes pieds, mais cette fois pour aller découvrir non pas un pays mais un continent. Instinctivement, dès notre bas âge, on apprend à découvrir seul la maison avec ses différentes pièces et recoins. Un peu plus tard on commence à découvrir dans une suite logique notre entourage, voisinage, ville et pays. Après être passé par toutes ces étapes, j'ai décidé de me lancer dans une nouvelle aventure en quête de nos racines à travers le continent. Quand est-ce que vous avez commencé ce périple ? Je me souviendrai de cette date tant que je vivrai. Le 29 janvier 2015, j'ai décidé de plier bagage et engager un bras de fer avec les obstacles de la vie. Où vous trouvez-vous actuellement et quelle sera votre prochaine destination ? Pour le moment je suis en Côte d'Ivoire, plus précisément à Abidjan. Concernant mes prochaines destinations, le Ghana figure en premier lieu, suivi du Togo, Bénin, Nigéria avant de rallier l'Afrique du Sud. Cette grande aventure nécessite des frais considérables. Parlez-nous un peu de vos moyens de subsistance… Pour survivre, je me cherche de petits boulots. J'ai été pêcheur, j'ai travaillé avec les fabricants de charbon au Sénégal, avec les camionneurs au Mali, les commerçants en Côte d'Ivoire et la liste est longue. Ces métiers me permettent de subvenir à mes besoins d'abord et j'en profite également pour mettre de l'argent de côté pour faire face aux imprévus, mais surtout pour pouvoir payer les frais de visas de certains pays et qui sont des fois très élevés. Qu'est-ce qui vous a poussé à faire ce voyage ? Le rêve d'explorer d'autres cultures, d'autres langues et d'autres pays me trottait dans la tête après avoir parcouru le Maroc à vélo, à pied et en auto-stop. J'ai eu un diplôme en maintenance industrielle de l'Ecole supérieure de technologies à Safi, mais je me suis dit qu'il me fallait un «diplôme de la vie». Et c'est ce que ce voyage peut m'offrir, ainsi que la chance de chercher le bonheur et de le partager. Le globe-trotter qui sommeille en vous est-il prêt pour s'attaquer à d'autres continents ? Complètement. InchAllah lorsque j'achèverai cette première aventure, je compte m'attaquer à une autre beaucoup plus mystérieuse en Amérique du Sud. Quelle est l'étape qui vous a le plus marqué ou le plus terrorisé ? Elles sont nombreuses. Mais je garde en mémoire un souvenir à la fois bon et mauvais. J'ai chopé le virus du paludisme et j'ai été alité pendant 9 jours de souffrances atroces et insoutenables. Ce qu'il y a de bon dans cette situation c'est que j'ai été soigneusement et chaleureusement accueilli chez un Marocain à Abidjan. À cause de cette maladie (rire), j'ai pu par la suite avoir la compassion d'un grand nombre de personnes qui m'ont aidé à trouver un travail juste après mon rétablissement.
Vous vous êtes lancé dans une aventure en solo. N'était-il pas plus judicieux de vous trouver de la compagnie ? Si, je suis toujours accompagné par Dieu, mon sac à dos et mon moi. Et cela me sied à merveille. Quelle est la première chose que vous feriez une fois rentré au bercail ? Poursuivre les études ou préparer un nouveau plan ? Je compte poursuivre mes études pour une année encore et me préparer en parallèle pour l'Amérique du Sud. Ce sont les desseins que je me fixe pour le moment, mais je laisse le destin faire aussi son travail.