Au Maroc, le nombre estimé de personnes souffrant de diabète est de 1,5 à 2 millions de personnes âgées de plus de 20 ans et de 15.000 enfants. Cependant, près de 50% de ces personnes ne savent pas qu'elles souffrent de cette maladie, et seulement 580.000, dont 260.000 insulinotraitées, sont prises en charge par le ministère de la santé. En réponse à cette situation pour le moins inquiétante, le ministère a décidé de lancer une campagne de communication visant à sensibiliser au diabète et ses complications. «Les messages de communication porteront essentiellement sur la connaissance de la maladie, l'importance du dépistage, l'auto-surveillance, le diabète et la nutrition ou encore le diabète et Ramadan», a déclaré le ministre de la santé, El Houssaine Louardi, lors de la cérémonie de lancement de cette campagne hier, lundi, à Rabat. Selon le ministre, la diffusion de ces messages se fera à travers des spots télévisés et radiophoniques, des capsules télévisées, la participation de professionnels de santé à des émissions télévisées, la mise en place d'affiches urbaines et de flyers et la production d'un guide thérapeutique. «Que 50% des malades ne soient pas conscients qu'ils portent cette maladie veut simplement dire que nous nous trouvons devant un sérieux problème de communication», a affirmé, de son côté, Mustapha Khalfi, ministre de la communication, ajoutant que ces campagnes doivent se faire de manière régulière afin de sensibiliser, non seulement les malades, mais également leurs familles et leur environnement. Notons que cette campagne de sensibilisation sera organisée en partenariat avec l'Agence nationale de l'assurance maladie (ANAM) et la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS). A cette occasion, le directeur général de l'ANAM, Jilali Hazim, n'a pas manqué de mettre en relief le poids que représente la prise en charge du diabète pour l'assurance-maladie. «Les maladies chroniques représentent 50% des remboursements de l'assurance-maladie et 40% des dépenses sur les maladies chroniques vont au traitement du diabète», a-t-il assuré. Jilali Hazim a également souligné la situation où se trouve l'ANAM, rappelant que chaque année les dépenses de l'agence augmentaient de 17% alors que son budget n'augmentait que de 10%. Le directeur de la CNOPS, Abdelaziz Adnane, a, lui, adressé une série de recommandations au ministère afin d'optimiser le diagnostic et de renforcer le dispositif de suivi du diabète. Il a ainsi appelé à ce que des campagnes de prévention soient mises en place pour lutter contre l'ensemble des maladies chroniques, et pas uniquement le diabète. «Nous devons également nous attaquer à ce que nous livre l'industrie agroalimentaire. Il faut encourager l'alimentation saine, et combattre les publicités qui prennent pour cible les enfants», a-t-il ajouté. Abdelaziz Adnane a par ailleurs appelé le ministère à mettre en place des partenariats entre les centres de soins primaires et les caisses d'assurance maladie ainsi qu'à faciliter l'accès aux médicaments particulièrement coûteux, conformément aux recommandations de l'Organisation mondiale de la santé. Enfin, il a appelé à impliquer les médecins dans cette campagne de sensibilisation, notamment les médecins généralistes. CNOPS : Plus de 6.000 diabétiques déclarés chaque année Que ce soit au Maroc ou à l'échelle mondiale, le diabète se propage. Et les dépenses des assurés diabétiques ont fortement augmenté. En 2014, une étude réalisée par la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS) avait indiqué que le nombre de ses assurés avait connu un accroissement de 123% entre 2008 et 2013, tandis que leurs dépenses sont passées de 183 MDH à 379 MDH pendant cette même période. Annuellement, ils sont plus de 6.000 assurés chez la CNOPS à avoir déclaré être atteints de diabète pour la première fois. Entre 2008 et 2013 ce nombre a plus que doublé en atteignant 49.169 cas, contre 22.079 cinq années auparavant. Cette même étude révèle l'évolution remarquable du diabète de type 2 parmi les personnes atteintes de diabète. Si en 2008 ce type de diabète ne dépassait pas les 27% chez le total des personnes atteintes, en 2013 il en représente 58%. L'étude avait fait état de 94% des diabétiques ayant dépassé l'âge de 40 ans et 46% assurés pensionnés. En termes de dépenses, le coût moyen annuel pour une personne diabétique augmente fortement avec l'âge en passant de 6.000 DH en moyenne pour les personnes âgées de moins de 55 ans à 10.600 DH pour celles âgées de 65 ans et plus. Une situation qui s'explique par les complications du diabète qui surviennent au fur et à mesure de l'avancement dans l'âge, «engendrant des soins supplémentaires et coûteux». Plus de 50% des diabétiques ignorent la maladie Au Maroc, le dépistage du diabète constitue un réel problème. Malgré les campagnes de sensibilisation menées par le ministère de la santé, plus de 50% des diabétiques ignorent la maladie. Et par conséquent, le diabète ne sera découvert que fortuitement ou à l'occasion de complications.Il constitue aujourd'hui la première cause de mortalité par insuffisance rénale, de mortalité par maladie cardio-vasculaire, de cécité. Il faut savoir que 5 à 10% des diabétiques subissent une amputation d'orteil, de pied ou de jambe. C'est pourquoi la mise en place d'une politique nationale de prévention du diabète permettra de mieux comprendre les facteurs sociétaux et environnementaux mais aussi de sensibiliser davantage l'opinion à la prévention du diabète de type 2.