ALM : Vous venez d'annoncer que votre nouveau livre «Aïcha» de cette trilogie apparaîtra en juin prochain. Qu'est-ce qui distingue le personnage de ce livre ? Marek Halter : Je voulais dans ce dernier volet de ma trilogie faire parler Aïcha. C'est elle qui raconte sa propre vie en tant que fille d'Abou Bakr Seddik et Mère des croyants. De son vivant, Aïcha se distinguait, grâce à sa rousseur, par une rare beauté dans cette région de la péninsule arabe, mais aussi par sa grande intelligence. Elle était considérée comme la mémoire de l'Islam. Elle a tenu, comme les autres disciples du Prophète, à apprendre par cœur tout le Coran et les Hadiths. Et elle a été, après la mort du Prophète Mohammed, à l'origine de la transcription de la moitié des Hadiths. Aïcha était ainsi un véritable témoin de l'évolution de l'Islam, mais aussi de la première «fitna» entre les chiites et les sunnites. Et elle a beaucoup regretté d'avoir pris partie à ce conflit qui l'opposait à Ali Ibn Abi Taleb. Je pense que ce dernier volet consacré à Aïcha est le plus important pour ceux qui s'intéressent à l'Islam.
Combien de temps vous a-t-il fallu pour écrire ce livre consacré à Aïcha?
J'ai mis quatre ans pour m'imprégner de l'histoire en sa globalité de Khadija, Fatima et Aïcha. Personnellement, je suis extrêmement respectueux de la foi des autres. J'ai lu tout ce qui est traduit, sur la naissance de l'Islam, en français ou en anglais. J'ai consulté et donné à lire mes manuscrits à de grands connaisseurs, dont le recteur de la Mosquée de Paris. Et j'étais très content de savoir que je n'ai commis aucune faute ou erreur dans le récit des faits de cette période de l'histoire. Je voulais en faire une référence pour le lectorat.
Pourquoi avez-vous débuté votre trilogie par une biographie de Khadija ?
Celle-ci, qui était très riche pour avoir hérité beaucoup d'argent de son mari, était très impressionnée par l'honnêteté et l'intégrité du jeune Mohammed qu'elle venait d'engager pour veiller sur ses caravanes. Khadija lui proposa ainsi le mariage, alors qu'elle avait plus de 15 ans que lui. Le jeune Mohammed devenait, grâce à cette union, fort et puissant parmi les Mecquois. Il continuait après son mariage à aller seul méditer dans le désert. Et c'est grâce à Khadija, femme éduquée qui avait lu la Torah et l'Evangile, que Mohammed reconnaît l'ange Gabriel. Lorsqu'il venait lui appeler par son nom… Khadija devenait donc la première personne à croire en la prophétie de Mohammed, qui avait pour ambition de transformer le monde polythéiste en un monde monothéiste. Elle meurt en laissant trois filles, dont la plus jeune est Fatima.
Comment avez-vous pensé consacrer votre deuxième livre à Fatima, fille du Prophète Sidna Mohammed et de Sa première épouse Khadija ?
Fatima n'avait pour objectif que de veiller sur son père. Pour ce faire, elle a appris à manier les sabres et à monter à cheval. Elle aimait accompagner son père partout, même à l'une des célèbres batailles qui l'opposait à ses adversaires. Elle a voulu, après la mort du Prophète Mohammed, que la gestion des affaires des musulmans demeure l'affaire de la famille et revient par conséquent à son mari Ali Ibn Abou Taleb, puis ses deux fils Al-Hassan et Al-Houssain. Alors qu'Aïcha considérait que ce sont les disciples du Prophète qui devaient prendre le flambeau. Ce qui a permis à Abou Bakr Seddik d'être désigné le premier Calife des musulmans. Fatima n'a survécu que six mois après son père.