Face à des journalistes encore peu habitués à voir un des services de la Direction générale de la surveillance du territoire (DGST) communiquer sur ses activités, les responsables du Bureau central d'investigation judiciaire (BCIJ) ont tenu leur deuxième conférence de presse depuis la création de cet organe il y a un mois, jour pour jour, lundi à Salé. Pas uniquement le terrorisme... «Le BCIJ ne traite pas uniquement des affaires de terrorisme, mais s'occupe également de grand banditisme», a commencé par expliquer Abdelhak Khayam, directeur général du BCIJ, avant de présenter l'affaire de la bande criminelle spécialisée dans les vols et cambriolages récemment démantelée par le bureau. Qualifiée de «mafia» par Abdelhak Khayam, cette bande utilisait des armes à feu destinées à la chasse pour opérer dans plusieurs régions du Maroc, terrorisant les habitants autant dans les villes que dans les périphéries. «Les habitants d'un douar ont même commencé à quitter leurs foyers par peur de cette bande», a précisé Khayam. Prenant le relais sur la présentation des résultats de l'enquête, Hicham Bahi, responsable du département de lutte contre le crime organisé, a expliqué que le BCIJ avait procédé à l'arrestation de huit individus, dont une femme arrêtée lundi. L'enquête a débuté suite à l'attaque «hollywoodienne» dont a fait l'objet un septuagénaire dans la ville d'Agadir. Il s'est ensuite avéré que cette bande, constituée de récidivistes qui se sont rencontrés dans le milieu carcéral, était active depuis plusieurs mois et avait mené un bon nombre de cambriolages, vols de voitures et plus de 40 vols de bétail dans des villes comme Marrakech, Agadir, Meknès ou Berrechid et des périphéries telles que Bir Jdid, Had Soualem ou Oulad Slimane. Prérogatives et limites Le démantèlement d'une bande criminelle de ce type par les services du BCIJ pose la question de la limite entre les prérogatives de cet organe fraîchement créé et ceux de la police judiciaire. Selon Abdelhak Khayam, la gravité des crimes conjuguée à leur caractère transrégional a nécessité l'intervention du Bureau. «Il est vrai que la principale mission du BCIJ est la lutte contre le terrorisme, mais quand une bande tue de sang-froid et terrorise les habitants de plusieurs régions, ce n'est plus très différent du terrorisme», a-t-il noté. Khayam a néanmoins souligné qu'aucune action n'est envisageable sans la coordination avec l'ensemble des services concernés, autant sur le plan national, régional que local. Le directeur de l'organe que certains médias ont pris l'habitude d'appeler le «FBI marocain» a insisté sur la plus-value que représente le BCIJ pour l'Etat marocain, affirmant que le Bureau disposait de plus de moyens et était spécialisé, ce qui rendait son action plus efficace. «Il est impossible d'éradiquer complètement la criminalité, mais notre objectif est de baisser le taux de criminalité le plus possible», a-t-il ajouté. Des allégations incesées... Interrogé au sujet de certaines allégations de «fabrication d'affaires de terrorisme» relayées par la presse, Abdelhak Khayam a assuré qu'elles étaient non seulement infondées, mais insensées. «Quand nous arrêtons des personnes en contact avec des opérationnels de Daesh, dans un stade avancé de préparation de bombes et qui ont déjà ciblé certaines personnes, je ne vois pas comment nous pouvons inventer ça», a-t-il déclaré, rappelant que le 16 mai 2003 des individus de ce type étaient passés à l'acte. Au-delà de l'annonce elle-même, cette conférence de presse dénote une volonté sans précédent du BCIJ de communiquer. Cette rencontre avec les médias était la deuxième en moins d'un mois, après celle annonçant le démantèlement d'une cellule terroriste dans la région de Nador en début du mois. Une communication qui pourrait même aller plus loin: interrogé sur la possibilité d'une présence du BCIJ sur les réseaux sociaux, Abdelhak Khayam a répondu que c'était «une bonne idée» que le Bureau allait examiner.