Connu pour sa lutte contre l'avortement clandestin au Maroc, le professeur gynécologue Chafik Chraïbi a appris le 27 janvier, la «surprenante» nouvelle de sa destitution de sa fonction de Chef du service de la maternité des Orangers du CHU de Rabat. La décision du ministère de la santé est venue suite à un reportage sur l'avortement clandestin au Maroc diffusé en décembre sur la chaîne télévisée France 2. La démission annoncée par le ministère de la Santé semble être due aux «déclarations» du Pr. Chraibi qui aurait dévoilé, entre autres, que quotidiennement, 800 avortements ont lieu au Maroc. Les raisons de ce verdict ne lui sont ni claires ni justifiées. «Je compte saisir la justice dans ce sens. Mon honneur a été bafoué», s'indigne-t-il. Le gynécologue ne voit aucunement en ce reportage une tentative de ternir la réputation du pays ou du secteur de la Santé. «Au contraire, au lendemain de la diffusion, j'ai même reçu plusieurs messages de l'étranger qualifiant le fait de pouvoir parler ouvertement de cette réalité, d'une avancée démocratique pour le Maroc», explique-t-il. Par ailleurs, selon un communiqué du ministère, la destitution respecte parfaitement la loi. Il souligne qu'après soumission du dossier à la Commission scientifique de la faculté de médecine et de pharmacie de Rabat, les délibérations ont considéré l'acte de filmer un reportage au sein du service de la Maternité en inadéquation totale avec les principes et la déontologie du métier. A la lumière de cet avis conçu, le ministère de la santé a pu accoucher de sa décision. Dans ce sens, Pr. Chraibi reçoit mal que la Commission émette un avis à ce propos. «Sa mission consiste à juger des travaux scientifiques ainsi que de l'enseignement. Elle n'a aucun rôle dans l'éthique», indique-t-il tout en précisant: «j'ai contacté le président de la Commission, sa conclusion précise que ma démission n'est pas de ses attributions mais relève des autorités compétentes». D'autre part, il voit aberrant qu'on lui reproche l'illégalité d'un tournage qui a duré 15 jours sans que cela ait attiré l'attention des autorités. «Je ne suis qu'un exécutant, c'est à la direction de l'hôpital d'exprimer son objection. Chose qui n'a pas été faite. Et d'ajouter : «J'ai contacté France 2, ils disposent de toutes les autorisations, y compris celle du ministère de la communication». Pr. Chraïbi dément également le fait qu'une femme ait été filmée en plein accouchement sans que son accord soit préalablement pris. Quant à la méconnaissance de la chef de service de réanimation de la présence de France 2 sur les lieux, le professeur ajoute que «le reportage montre clairement qu'elle a été interviewée de son plein gré par l'équipe de journalistes présente sur place».