Avec le retrait d'Ernest &Young et de Deloitte Touche de la piste pour la reprise de tout ou d'une partie des activités du cabinet Andersen, les chances de ce dernier de sortir de la situation de crise s'amincissent. Le temps donne raison, dit-on. Dans le cas d'Arthur Andersen, plus le temps passe, moins les candidats à sa reprise sont nombreux. L'effectif des prétendants pour le rachat du cabinet, impliqué dans la faillite de son client Enron, courtier en énergie, s'effrite au fil des jours. Les perspectives d'un sauvetage de ce cabinet financier s'évaporent, selon certains commentateurs américains. En effet, peu de temps après que l'un des Big-five de l'audit comptable, Ernest & Young annonça sa renonciation à faire une offre concernant la fusion avec Andersen, Deloitte Touche lui emboîta le pas. Et pour cause, les problèmes légaux que le cabinet Arthur Andersen traîne depuis un bon temps, sans pouvoir les régler, font désister les preneurs potentiellement intéressés par une fusion avec le cabinet, actuellement en mauvaise passe. En d'autres termes, tel que rapporté dans les colonnes du Wall Street Journal, « les éventuels acquéreurs d'Andersen craignent de devoir rendre des comptes, c'est-à-dire verser des fortunes de dommages et intérêts, dans le cadre des procès qui pourront être intentés contre le cabinet. Les avocats d'Andersen ont proposé un mécanisme reposant sur une mise en faillite des actifs du groupe aux Etats-Unis afin de dégager les acquéreurs de toute responsabilité dans l'affaire Enron. Ces derniers n'ont pas toutefois de garantie absolue qu'ils seront exonérés de cette responsabilité, les législations variant d'un Etat américain à l'autre en la matière ». Aujourd'hui que les deux candidats ont annoncé leur retrait de la piste, le terrain est vide pour KPMG qui semble être toujours intéressé par l'affaire. A l'heure où nous mettions sous presse, le ministère de Justice américain aurait pu trancher dans l'affaire d'Arthur Andersen. Les avocats de ce dernier et le ministère ont poursuivi en-vain mercredi dernier des discussions en vue d'un règlement à l'amiable et une inculpation jeudi paraissait de plus en plus probable. Car toutes les données font pencher la balance du côté d'une inculpation. Même Arthur Andersen n'a pu nier que certains de ses employés avaient détruit, en 2001, des milliers de documents concernant le courtier Enron au moment où une enquête était en cours sur son client. Tous les efforts que le cabinet a déployés ne l'ont en rien servi. La perspective d'être racheté par l'un de ses quatre Big constituait à ses yeux un moyen efficace pour « échapper à la déroute alors où ses gros clients sont de plus en plus nombreux à faire défaut ». Un pari qu'il a d'ailleurs manqué avec le retrait d'Ernest et de Deloitte.