Football. Au Maroc, le sport a toujours été utilisé comme un moyen et non pas une fin en soi. Plusieurs profils se sont succédés : opérateurs économiques, élites, responsables administratifs…Mais la mentalité est toujours la même. Aujourd'hui, et plus que jamais, le sport marocain est devenu une affaire politico-économique. Mêmes têtes, mêmes objectifs, mêmes mentalités…où presque, pour ne pas généraliser. Nombreux sont les responsables inamovibles dont l'amour au poste l'emporte sur celui du maillot. Les mises en scène qui ont suivi le scandale de la FRMF en dit long sur cette réalité, on ne peut plus amère. Ce ne sont pas les ex-sportifs qui diront le contraire. C'est dire que le discours de la démocratie n'a pas encore trouvé de preneurs et que l'on résiste toujours aux nouvelles valeurs. Une chose est sûre, maintenant, c'est que là où il y a un dirigeant, il n'y a ni démocratie, ni transparence. Un monde à part. Même si on est sérieux et honnête et qu'on veut servir le sport national, on finit soit par claquer la porte, soit par se faire traiter de tous les mots. Et les exemples de ces cas-là font légion. Pour s'en rendre compte, il suffit d'assister aux assemblées générales, qu'elles soient ordinaires ou extraordinaires, même si parfois la différence n'est pas très importante. Chez nous, préparer le congrès d'un parti politique est plus facile que de tenir une AG. On assiste à tout, sauf aux règles de la transparence. Comme au beau vieux temps, et ce n'est qu'une façon de parler, des campagnes électorales : de la corruption, le cas de la grande Ligue de Casablanca de football et d'athlétisme, des coups bas, des voix achetées, des règlements de compte, absence d'éthique, des «putschs » etc. Des pratiques révolues auxquelles certains de nos dirigeants tiennent énormément. Ils y croient dur comme fer. Car, en fin de compte, ce sont les objectifs qui intéressent ces derniers quels que soient les moyens utilisés. Le souci de la moralité est presque inexistant. Si, aujourd'hui, le sport national est le meilleur ambassadeur du Maroc, c'est grâce au bas de la pyramide sportive nationale. Autrement dit, aux exploits individuels de nos sportifs : El Guerrouj, Bidouane, Ben Hassi, Mouhtassine, Naybet, Hajji, El Aynaoui… Il suffit de revenir sur le parcours « de combattant » de chacun pour relever ce constat. Notre pays regorge de jeunes talents. Plus de la moitié de la population marocaine est constituée de jeunes de moins de 25 ans. Saisie par le vertige de la société d'émancipation, cette jeunesse, qui à défaut d'infrastructures sportives, s'adonne de plus en plus aux stupéfiants. Un refuge pour les uns, un passe-temps pour les autres. Pendant ce temps-là, les instances dirigeantes de notre sport national traînent les pieds. L'absence d'une vision politique du sport national promet un avenir sombre pour nos jeunes. Et ce sera toujours le cas tant qu'il ne fait pas partie du programme et du gouvernement et des partis politiques et des autorités locales. Sans oublier bien sûr le privé. L'heure de la restructuration du sport national est venue. Le bricolage n'est plus permis, surtout qu'on est, pour la quatrième fois, candidat à l'organisation de la coupe du monde.