En dépit de ses bons résultats au premier semestre 2014, le développement du secteur des assurances rencontre de nombreux obstacles. C'est ce qu'a dévoilé Hassan Boubrik, directeur des assurances et de la prévoyance sociale, dans un entretien accordé à nos confrères de la Vie Eco. «Le secteur a connu un bon premier semestre. Son chiffre d'affaires a augmenté de 6,6% par rapport à la même période de l'année dernière suite à une progression de 4,5% de la branche Non Vie mais surtout grâce à la performance de la branche Vie dont l'activité a crû de 12%», a relevé M. Boubrik. Pour lui, «il s'agit d'une tendance qui devrait se poursuivre à l'avenir, sans évidemment parvenir à une croissance à deux chiffres chaque année». En effet, selon le patron de la Direction des assurances et de la prévoyance sociale (DAPS), cette tendance s'explique par le fait que les réseaux de distribution, notamment les banques, ont compris tout l'intérêt de mobiliser davantage d'épargne dans le cadre de l'assurance-vie. De plus, l'arrivée de nouveaux acteurs, dont la Banque Populaire en partenariat avec le Groupe MCMA/MAMDA qui vient d'avoir son agrément, est de nature à accélérer le développement du marché. S'agissant de l'état d'avancement du contrat-programme du secteur des assurances, M. Boubrik reconnaît qu'il y a clairement un retard dans l'exécution des chantiers. «Depuis la signature du contrat-programme, nous avons eu une nouvelle Constitution et un nouveau gouvernement qui a été remanié. D'une part, la priorité a été donnée sur le plan législatif à des chantiers plus importants; et d'autre part, l'arrivée de nouvelles équipes nécessitait un certain temps pour l'appropriation des dossiers. Il n'empêche que beaucoup de chantiers importants avancent», a souligné le directeur de la DAPS. Aussi, au cas où arrivé à échéance le contrat-programme du secteur des assurances n'aurait pas bouclé ses 75 mesures prévues, M. Boubrik affirme qu'il va falloir se mettre autour d'une table avec les parties prenantes pour faire le point sur ce contrat et le revisiter si nécessaire. Par ailleurs, répondant à la question de savoir où en est l'assurance participative, il a souligné que «ce texte est important pour compléter le dispositif concernant la finance participative, notamment le volet bancaire». Il a relevé qu'à titre d'exemple, l'achat ou la construction d'un logement dans ce cadre nécessite une assurance pour couvrir les cas de décès ou le bien financé. Ainsi, l'assurance Takaful permettrait alors de mettre à la disposition des clients une offre d'assurance conforme aux principes de la Charia. «Nous avons opté dans la loi pour la mise en place du Window Takaful sans exiger la séparation juridique des fonds Takaful et des compagnies gestionnaires. Cette configuration présente l'avantage de la facilité et de la rapidité de mise en œuvre. Les acteurs ont la volonté d'investir rapidement ce secteur et l'offre devrait concerner dans l'immédiat la branche Vie plutôt que la Non Vie, car c'est là où le besoin s'exprime aujourd'hui de manière très claire», a expliqué M. Boubrik. S'agissant du problème des dettes des intermédiaires envers les compagnies d'assurance, le professionnel du secteur a annoncé un chiffre de 6 milliards de dirhams en net. Pour lui, «cette situation s'explique d'abord par le fait que des intermédiaires financent leurs besoins d'exploitation à travers les primes de la clientèle». Et de poursuivre : «Elle résulte aussi du fait que les intermédiaires, qui évidemment n'en ont pas la capacité financière, accordent parfois des facilités à leurs clients, ce qui se traduit par des impayés vis-à-vis des compagnies d'assurance en cas de défaut de ces clients et part des conséquences dramatiques allant jusqu'à la faillite de l'intermédiaire et l'engagement de poursuites à son encontre. Une autre raison est le flou qui entoure souvent les règles de gestion des primes et de déclaration des non-paiements entre les compagnies d'assurance et les intermédiaires». En solution à cette situation, M. Boubrik propose la refonte du livre IV du Code des assurances qui traite de la distribution. Une refonte qui vise essentiellement trois objectifs. Le premier est de donner plus de flexibilité aux réseaux, le deuxième est d'accompagner le réseau classique et de l'aider dans sa réforme et le troisième est de donner un cadre légal plus approprié pour la diversification des canaux de distribution.