ALM: Vous venez d'être élu directeur général du CAFRAD lors de la 52ème réunion annuelle du conseil d'administration de cette institution. Que représente pour vous votre élection ? Stéphane Monney Mouandjo : C'est un immense honneur d'accéder à pareille responsabilité. Surtout pour quelqu'un qui y est arrivé sans ambition particulière et qui a été comme poussé par les évènements et par l'Etat du Cameroun à prendre cette charge au regard de ce que j'aurais pu leur montrer au cours des années antérieures. C'est aussi un honneur fait, à travers ma modeste personne, à mon pays. Mon élection à la tête du CAFRAD représente, par ailleurs, un espoir pour la jeunesse et l'expression du renouveau qui s'opère discrètement mais de manière déterminante dans ce qu'on pourrait qualifier de «l'élite africaine». Mais c'est surtout un défi pour moi de faire revivre une institution qui a autrefois constitué le fleuron de la construction des administrations publiques africaines. Elle a connu des moments difficiles, dont les stigmates restent encore bien présents. Pouvez-vous nous présenter votre nouvelle démarche de gestion au sein de cette institution ? Ma démarche s'incline en phases, essentiellement basées sur la simplicité, la présence, la modernité, la responsabilité, la coopération, la communication et l'évaluation. Nous héritons, à mon avis, d'une structure aux contours un peu complexes et dont il faut absolument simplifier le mode de fonctionnement. Le CAFRAD a vocation à accompagner les Etats dans leur travail de modernisation et de perfectionnement des outils et modes de fonctionnement de leurs administrations à divers niveaux. Cela signifie que nous sommes une institution chargée d'aider à la résolution des problèmes. Et pour ce faire, nous devons être dans les dispositions de le faire et que nos méthodes soient de nature à favoriser ce travail de simplification et de résolution des éventuelles difficultés auxquelles font encore face certaines de nos administrations ou services publics aussi bien sur le plan organique que fonctionnel. Il faut que le CAFRAD revienne sur le devant de la scène des institutions internationales panafricaines. La modernité se fonde sur son recours aux nouvelles technologies de l'information et de la communication. J'entends par la coopération s'ouvrir aux autres expériences, aux universités et autres écoles de savoir. Cette ouverture profitera à tous les pays africains. Cela induit bien évidemment la communication et bien entendu une évaluation régulière du chemin parcouru en vue des ajustements nécessaires éventuels. Est-ce que le Centre garde toujours le même objectif, depuis sa création en 1964, à savoir l'amélioration des systèmes de l'administration publique et de gouvernance en Afrique ? Le CAFRAD continue de garder, tout à fait, le même objectif. Même si je dois préciser que, depuis lors, de nombreuses transformations et ajustements ont été apportés à cette démarche. Notre stratégie consiste à garder les fondamentaux parce qu'ils sont nécessaires mais surtout de leur apporter une touche de modernité conforme aux attentes d'aujourd'hui. L'Etat a considérablement changé et avec lui les administrations. Il est donc indispensable d'adapter notre démarche à ces mutations. C'est pourquoi nous intervenons dans des domaines comme la gouvernance, les problématiques de paix et de sécurité, l'administration des élections, la fiscalité, les relations économiques internationales, les négociations internationales stratégiques entre autres. Le CAFRAD vient d'organiser une conférence panafricaine sous le thème «Le rôle et la place des ressources humaines dans l'atteinte des objectifs des gouvernements et dans l'émergence économique et sociale des pays», dont les travaux ont pris fin le 27 août. Quelles sont les principales recommandations tirées de cette conférence ? Cette conférence a été une initiative heureuse de certains des Etats membres avec le concours bien entendu du personnel du CAFRAD qui ont mis en route cet important projet. Nous avons constaté que nous parlions de ressources humaines (RH) dans la fonction publique mais qui ne sont pas nécessairement en lien avec le projet de transformation de nos pays et de nos administrations. Il a donc été question de voir comment les RH pouvaient efficacement accompagner le projet d'émergence économique et sociale des Etats. Pouvez-vous nous présenter le programme des prochaines activités de cette institution ? Les prochaines activités du CAFRAD, programmées dès lors et jusqu'au mois de décembre, s'articuleront autour de l'organisation, en septembre, d'un séminaire-atelier sur l'Administration des élections en Afrique, probablement à Tanger. Nous prévoyons ensuite y tenir, le mois courant, une conférence panafricaine sur la gouvernance ouverte en Afrique. Nous programmons, pour novembre prochain, une conférence panafricaine des présidents des Cours des comptes. Nous prévoyons organiser, en décembre prochain, une rencontre des présidents des Cours constitutionnelles, qui sera suivie d'une autre des diplomates sur l'intégration africaine.