Les violences sexuelles contre les enfants sont passées sous silence et les victimes sont souvent négligées. L'Association meilleur avenir pour nos enfants (AMANE) s'attelle activement à lutter contre ce phénomène . Celle-ci a organisé le 18 avril à Meknès le premier atelier de partage et de restitution des résultats préliminaires de l'étude sur les violences sexuelles à l'encontre des enfants au Maroc. Lancée en septembre 2013 en collaboration avec l'Unicef cette étude a pour objectifs précis de dresser un état des lieux des tendances évolutives des violences sexuelles et de mieux comprendre leurs manifestations et leurs causes. Le rapport final de cette étude nationale sera publié en juin prochain. En attendant les résultats de cette étude, cet atelier a été l'occasion de présenter des statistiques pour mieux cerner l'ampleur de cette violence. En tenant compte des villes, il en ressort que sur l'ensemble des six années, la ville d'Oujda arrive en tête avec 2.602 cas ,suivie de Casablanca (1.891 cas) puis de Settat (974 cas). Viennent ensuite les villes de Meknès et de Kénitra avec respectivement 887 et 677 cas. Des statistiques qui sont loin de refléter l'ampleur de ce phénomène encore tabou dans notre société. Les violences sexuelles touchent davantage les filles que les garçons et elles sont généralement commises par des personnes connues par l'enfant. Autres caractéristiques : ces violences sont perpétrées dans les lieux fréquentés par l'enfant (la rue, l'école, les lieux de loisir, les centres de sauvegarde de l'enfance, au sein des familles). Ce type de violence touche toutes les tranches d'âge. En 2009, le centre d'écoute de l'Observatoire national des droits de l'enfant (ONDE) a répertorié 25% des enfants âgés de moins de 6 ans, 26% âgés de 7-12 ans, 38% de 13-18 ans. Les données de la police pour la période 2007-2012 ont révélé que la tranche d'âge la plus exposée aux violences sexuelles pour toutes les années est 15 - 18 ans; suivie des 12 à 15 ans ; et enfin celle des enfants âgés de moins de 12. S'agissant des facteurs de vulnérabilité, l'association estime que la pauvreté, la dislocation familiale ou le placement dans une institution n'entraînent pas toujours des violences sexuelles. En revanche, la toxicomanie des enfants ou de leurs parents et la pathologie psychiatrique peuvent constituer des facteurs de risque. A ceci s'ajoute l'ineffectivité de la législation réprimant les violences sexuelles et la faible importance accordée à la protection des enfants dans les politiques publiques. Lors de cet atelier, les intervenants ont reconnu que la prévention des violences sexuelles ne peut passer que par une réforme de la politique de protection sociale. La réponse aux violences sexuelles doit s'inscrire dans le cadre d'une politique d'ensemble de protection des enfants avec une composante spécifique dédiée à la lutte contre les violences sexuelles à l'encontre des enfants avec une dotation suffisante en moyens financiers.