Le mécénat constitue un formidable moyen de financement de l'activité culturelle. Son développement au Maroc se heurte au vide juridique et fiscal et un manque patent de communication sur le sujet. La publicité par l'événement constitue une des techniques les plus élaborés de la communication institutionnelle. Mécénat ou sponsoring en sont les deux principales déclinaisons. Reste que ces deux modes de financement de l'activité culturelle présentent des caractéristiques bien différentes. Plus répondu, le sponsoring ou le parrainage consiste à financer une activité socioculturelle, de préférence spectaculaire. L'objectif marketing et publicitaire du sponsor est clairement affiché. Fait marquant, il n'existe pas au Maroc de chiffres exacts sur les sommes engagées dans ce genre d'opérations. Toute un panier de circuits publicitaires échappe à toute statistique. Sans surprise, les principaux sponsors demeurent pratiquement les mêmes dans la majorité des évènements : on retrouve les incontournables grandes entreprises, les banques, et accessoirement la presse. A la différence du sponsoring, qui comporte par définition un objectif purement publicitaire, le mécénat se distingue par la discrétion supposé de son initiateur, mais surtout par la noblesse de ses objectifs. Tirant ses origines dans la religion et dans l'Islam plus particulièrement, le mécène fait ses dons en toute discrétion. Aujourd'hui, l'acte prend une autre dimension. Et les entreprises qui initient ces actions cherchent d'abord à valoriser l'image de la firme en l'associant à de grandes manifestations culturelles et artistiques. Le mécénat véhicule surtout la culture de l'entreprise mécène qui traduit par cet acte sa politique de communication. Au Maroc, ce sont les arts plastiques qui se taillent la part de lion des différentes actions de mécénat. Choix idéologique délibéré ou sensibilité artistique aiguë pour le visuel, la majorité des fondations mécènes accorde une attention particulière aux arts plastiques, par les biais de diverses expositions. La musique vient en seconde position, surtout quand il s'agit de festivals. L'édition bénéficie rarement d'actions de mécénat. Mais, existe-il une stratégie globale du mécénat au Maroc ? Dans un excellent ouvrage sur la question, l'écrivain Farid Britel pointe du doigt les multiples insuffisances du mécénat au Maroc. Il déplore pêle-mêle le manque de stratégie et le déficit de communication des mécènes et autres institutionnels sur le sujet. En jeu, le rôle du mécène, sa méthode d'intervention, la gestion des dotations et son champ d'action, objet d'une réforme à la fois juridique et fiscale. Un débat s'impose. Des réformes aussi. En premier lieu, le vide juridique et fiscal en matière de mécénat au Maroc. M. Britel propose dan son livre le lancement d'une réflexion sur la création d'un Conseil du mécénat, à l'image de ce qu'il existe en France par exemple. Une structure à même de permettre aux différents acteurs de mieux cibler leur action sans y consacrer une partie de leur personnel et de leurs services de gestion. L'assouplissement de la réglementation et des procédures et la privatisation de certains musées se présentent aussi comme des pistes pour la redynamisation du mécénat. Mais pour l'heure, la mise en place d'une telle réflexion semble bien compliquée. Lorsqu'on sait que le ministère de la culture ne dispose pas de structure dédiée à la question. Inadmissible, si l'on mesure l'intérêt que revêt l'action du mécénat dans des chantiers tels que la réhabilitation du patrimoine et les carences flagrantes de l'Etat dans ce domaine. Les fouilles souvent interrompues sur le site de Volubilis peuvent en témoigner…