Le Maroc a célébré hier (8 septembre) la Journée internationale de l'alphabétisation. L'occasion de dresser un bilan des résultats obtenus dans la lutte contre l'analphabétisme et de sensibilisera la gravité et l'étendue de ce fléau. Selon les derniers chiffres livrés dans une étude par la Direction de la lutte contre l'analphabétisme (DLCA), le taux d'analphabétisme chez les plus de 10 ans est passé sous la barre des 30%. Ce taux a atteint 28% en 2012-2013 contre 43% en 2004, ce qui reviendrait à dire que l'analphabétisme touche encore 9 millions de personnes sur les 32 millions d'habitants que compte le Royaume. Quant au nombre de bénéficiaires des programmes d'alphabétisation, celui-ci a triplé en passant de 286.000 en 2002-2003 à près de 763.000 personnes au titre de 2012-2013. La majorité des programmes a été assurée par des ONG (52,2%), contre 47,6% pour les institutions publiques. D'après l'étude, la participation des acteurs économiques dans la lutte contre l'analphabétisme a été très faible. Seulement 2.000 personnes ont bénéficié de programmes via leur entreprise. Durant la dernière décennie, 8,5 millions de Marocains ont tiré profit de ces programmes. A ce sujet, la DLCA tient à souligner que les femmes ont représenté plus de 88% de l'ensemble des bénéficiaires et 48%, sont issues du milieu rural. A noter que les cours d'alphabétisation ont été encadrés par 17.500 formateurs dans 16.000 centres d'alphabétisation, dont 8.900 en milieu rural. Malgré ces résultats encourageants, l'analphabétisme coûte très cher. En effet, selon les estimations officielles, ce fléau coûte au Maroc l'équivalent de 1,5% du PIB national. A cela s'ajoute le budget dérisoire du ministère de l'éducation nationale dans la lutte contre l'analphabétisme. Il n'est que de 0,5% alors que les recommandations internationales exigent de réserver un budget équivalant à au moins 3% du budget de l'éducation à l'alphabétisation. Autre constat : en comparant les statistiques nationales avec l'Algérie ou la Tunisie, force est de constater que le Maroc se situe loin derrière ces pays. Le taux d'analphabétisme en Algérie et en Tunisie est estimé actuellement à moins de 20%. L'Algérie s'est donné pour objectif de réduire de moitié ce taux en 2015. Au Maroc, il reste encore beaucoup à faire. Le pays n'a toujours pas réussi à atteindre les objectifs prévus par la Charte nationale d'éducation et de formation qui, rappelons–le, avait fixé de réduire le taux global d'analphabétisme à moins de 20% à l'horizon 2010, pour parvenir à une éradication quasi totale de ce fléau à l'horizon 2015. Lors de son discours à la Nation, SM le Roi Mohammed VI avait fermement critiqué la politique éducative menée par le gouvernement. Le Souverain avait déploré que le secteur soit «en butte à de multiples difficultés et problèmes».