Visiblement la course aux portefeuilles ministériels peut ne pas être l'unique motivation qui fait courir nos partis. En tout cas ce qui se passe actuellement sous nos yeux à l'occasion des négociations pour la reconstruction d'une nouvelle majorité en donne un parfait exemple. Car, contrairement à ce à quoi on pouvait s'attendre, le RNI, donne désormais l'image d'un parti qui a muri entre temps car il ne semble pas être pressé juste pour prendre des ministères. Les discussions entre le PJD et le RNI pour l'entrée de ce dernier dans la majorité avancent très lentement. Ceux qui s'attendaient à voir la scène politique s'enflammer à l'occasion d'une course aux portefeuilles ministériels comme on en déjà vu en pareille circonstances sont déçus. Les patrons des deux partis en sont déjà leur deuxième rencontre et toujours rien de concret. Pas de noms, pas de listes si ce n'est quelques articles fantaisistes parus dans la presse arabophone... Lors de la dernière réunion entre Benkirane et Mezouar qui s'est déroulé dans la soiree du lundi 5 août ce dernier a précisé de nouveau ses préalables a une entrée au gouvernement, nous a confié le secrétaire général du RNI joint au téléphone par Aujourd'hui le Maroc. D'abord une refonte du programme du gouvernement "en redéfinissant les priorités, explique Mezouar, et en se fixant des objectifs clairs pour l'avenir ". Le RNI demande également à ce que les réformes et chantiers prioritaires soient identifiés. Et ce n'est qu'à partir de là qu'on pourra dessiner la nouvelle configuration du gouvernement à même de porter la nouvelle stratégie. " Les portefeuilles que nous réclamerons, les noms que nous proposerons ne seront que l'aboutissement naturel de toute la réflexion en amont qui, elle, porte sur les vrais sujets de fond", poursuit Salaheddine Mezouar. Sa vision de prochaine équipe : elle doit soudée, efficace et performante résume-t-il. Mais en face, le patron du PJD, lui, semble être plus dans une logique de replâtrage sans plus. La preuve, lors de leur dernière rencontre, Abdelilah Benkirane a proposé le remplacement pur et simple des ministres Istiqlaliens par d'autres Rnistes et quelques retouches partielles du programme. " Il n'est pas sérieux qu'il nous fassent une telle proposition", commente le patron du RNI qui s'étonne qu'après tout ce qui s'est passé on n'ait pas encore tiré les bons enseignements et qu'on refuse de regarder la dure réalité en face. D'ailleurs, les propos du souverain, au lendemain de la démission de l'Istiqlal, sont très clairs dans ce sens : il s'agissait bien de reconstruire une nouvelle majorité et pas de colmater les trous de l'ancienne. À ce jour encore on est encore loin ne serait ce que d'un début d'accord. Car quand bien même le PJD serait prêt à faire des concessions, il n'est pas dit que ses deux autres alliés, en loccurrence le PPS et le Mouvement Populaire, le voient sous le même angle. C'est d'ailleurs pour cette raison que Benkirane à demandé à Mezouar au terme de leurs échanges lundi dernier que les positions et propositions du RNI soient formalisées dans un document qu'il soumettra à ses alliés. À la veille de Aid Al Fitr, le jeudi 8 août dans la soirée, Mezouar apportait encore les dernières touches à son document avant de le remettre au patron du PJD. Les deux hommes ont convenu de se revoir après la fête... Et tel que c'est parti, on n'est pas près d'avoir un nouveau gouvernement pour bientôt. Ce qui n'arrange guère les choses puisque la communauté des affaires, les chefs d'entreprises, les investisseurs attendent une éclaircie depuis longtemps. Si à cela on ajoute la crise et le marasme qui continuent de sévir en Europe autant dire que la rentrée des affaires risque de ne pas apporter de bonnes nouvelles...