C'est parti. Les discussions pour la formation d'une nouvelle majorité ont démarré officiellement. Le premier round s'est tenu, lundi 22 juillet, dans la soirée, après le F'tour. En guise de préliminaire, un tête-à-tête qui a duré 3 bonnes heures entre le patron du RNI, Salaheddine Mezouar, et le chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, au domicile de ce dernier. Selon des sources bien informées, les deux hommes ne sont pas d'emblée entrés dans le vif du sujet mais ont préféré commencer d'abord par échanger sur des questions d'ordre général. Abdelilah Benkirane a dressé un bilan de la situation globale aussi bien économique que sociale pour en arriver à la crise politique à la suite de la démission des ministres du parti de l'Istiqlal et de la décision de ce dernier de se retirer de la majorité. Une fois le tableau dressé, le chef de gouvernement n'y est pas allé par quatre chemins en affirmant à son invité que plusieurs solutions sont sur la table dont celle d'une éventuelle reformation de la majorité avec le RNI. A ce stade encore des discussions, le secrétaire général du PJD est resté, selon nos sources, très courtois avec le RNI en n'hésitant pas à reconnaître que c'est un «parti pour lequel il a beaucoup d'estime et dont il respecte les dirigeants» et que, bizarrement, il en a toujours été ainsi depuis le premier jour même si la majorité n'a pas pu se faire avec le parti de la colombe. Si ces positions sont personnelles, le patron du PJD a tenu, en revanche, à préciser d'entrée de jeu à Salaheddine Mezouar qu'il était là et parlait au nom des deux autres partis de la majorité, en l'occurrence le PPS et le Mouvement populaire (MP) dont il a pris la peine, a-t-il dit, de consulter les patrons avant d'entamer les discussions. Voilà donc qui est fait : le PJD a proposé enfin et officiellement au RNI de rejoindre sa majorité et manifestement en ne posant aucune condition. Le parti de la colombe, lui, en revanche, semble vouloir prendre son temps et aura probablement des conditions pour entrer au gouvernement. Car il y a d'abord l'aspect procédural à observer. En cela, indiquent nos sources, Mezouar aura été clair avec son hôte : si décision de rallier le gouvernement il y a, ce sera aux instances dûment habilitées par le parti de la prendre. Il s'agit en l'occurrence du conseil national. Mais avant cela, il fallait d'abord statuer sur cette offre au sein du bureau politique. A l'heure où nous mettions sous presse, le mardi 23 juillet en milieu d'après-midi, Salaheddine Mezouar avait justement rendez-vous avec les membres de son BP pour une première validation. A la suite de cela, le conseil national sera convoqué pour décider de manière définitive de la suite à donner. Et on peut d'ores et déjà deviner que les instances du RNI poseront leurs conditions. «Certes, confie une source au RNI, le BP devra d'abord évaluer les avantages et les inconvénients de chaque option et d'en évaluer les retombées sur le parti, mais il n'y a pas que cela car il ne faut pas oublier le caractère délicat de la situation que traverse le pays et l'enjeu que présente l'entrée du RNI dans la majorité actuelle». Mais attention, rappelle la même source, «au RNI nous ne comptons pas faire de la figuration ni venir juste en remplacement de ministres qui ont quitté». La preuve, lors de leur première rencontre de lundi soir à Rabat, Salaheddine Mezouar n'a pas manqué de rappeler à M. Benkirane que le RNI en tant que parti d'opposition avait voté contre le programme gouvernemental et qu'il ne peut pas aujourd'hui venir défendre ce qu'il combattait hier. En d'autres termes, il faudra refaire un nouveau programme pour garder un minimum de cohérence. Quant aux autres aspects pratiques comme le nombre de portefeuilles, les éventuelles listes de noms, etc., une source proche du RNI assure que les deux hommes n'en sont pas encore là.