La collection d'œuvres plastiques de la BCM est l'une des plus importantes de ce pays. Un livre, de même qu'une exposition, retracent l'histoire de cette collection. La Banque Commerciale du Maroc (BCM) a initié sa politique de mécénat pendant les années soixante-dix. Durant à peu près trente ans, elle a constitué l'une des plus importantes collections privées dans notre pays. Collection, au demeurant, assez représentative du paysage plastique au Maroc. Il est vain de revenir sur l'intérêt du mécénat pour favoriser l'épanouissement des arts plastiques. Plusieurs collections importantes dans les musées du monde proviennent des dons de mécènes. L'Etat, quand il a une politique d'acquisition, ne peut pas tout acheter. Et puis, il y a le regard du collectionneur qui est souvent garant de la passion et de la durabilité dans l'acquisition des oeuvres. La collection de la BCM est indéniablement liée aux préférences d'un homme. Ses préférences l'ont porté à acheter non pas les œuvres d'un petit groupe de peintres, mais les œuvres à même de constituer un préambule de l'histoire des arts plastiques au Maroc. Toutes les tendances plastiques y sont représentées : les orientalistes, les naïfs, les figuratifs, les semi-abstraits, les abstraits, etc. Le livre édité par la BCM, sous le titre « 30 ans de mécénat, histoire d'une collection », constitue un document d'une grande valeur. Pas moins de 55 peintres y sont présentés. Les plus importants sont là, les moins connus aussi. La préface de ce livre est signée par Brahim Alaoui, le texte par Farid Zahi. Ce dernier souligne à ALM que « la politique de la BCM est intéressante en ce sens où elle englobe la majorité de la production marocaine dans le domaine des arts plastiques. » Il reproche toutefois à cette collection de «donner à certains peintres une valeur excessive, compte tenu de la qualité réelle de leurs œuvres ». Le peintre Fouad Bellamine souligne quant à lui « la cohérence de cette collection ». Il est vrai que le regard qui a présidé à l'acquisition des œuvres est connaisseur du paysage plastique marocain. Toutefois, l'exposition qui accompagne la parution du livre n'est pas à la hauteur de la collection de la BCM. L'espace d'art Actua ne se prête pas à l'exposition des œuvres achetées par cette banque. Les grands formats n'y sont pas montrés. Plusieurs grands tableaux de Kantour ou de Belkahia sont ainsi absents de l'espace. Le livre est à cet égard infiniment plus représentatif du fonds de la BCM que l'exposition qui se poursuit jusqu'au 15 avril. De plus, les œuvres accrochées donnent seulement à voir une période déterminée dans l'art d'un peintre. Les deux tableaux de Kacimi, par exemple, ne ressemblent en rien à son travail actuel. Cette constatation est corroborée par le peintre Miloud Labied qui dit : « ces œuvres que j'ai peintes en 82-83 ne correspondent pas à ce que je fais aujourd'hui. Il faut renouveler cette collection ! » La peintre Amina Benbouchta, tout en soulignant l'importance de la collection de la BCM, fait part de son souhait « de voir un suivi plus marqué du travail des artistes ». Et d'ajouter : «acheter quelques tableaux ne suffit pas, il faut accompagner le renouvellement de l'art des peintres ». Amina Benbouchta et le peintre Miloud Labied émettent beaucoup de réserves sur la conservation des œuvres. Les deux tableaux de Miloud présentent en effet des rayures, avec des bas-reliefs tracés par des objets pointus contre lesquels ses toiles ont été adossées. Les responsables du fonds de la BCM doivent à cet égard manipuler avec plus de précaution les œuvres de leur collection. Ils gagneront à préserver une collection qui atteste leur volonté de soutenir l'art marocain. Collection si impressionnante qu'elle fait la fierté de tous les Marocains.