La grève des stations-service n'a eu aucun impact sur l'approvisionnement en carburant des Marocains. Par ailleurs, contrairement aux données communiquées par la Fédération nationale des gérants et propriétaires des stations-service, le taux de participation à la grève n'a été que de 20 à 25% selon les différentes villes du Royaume. À ce titre, Adil Ziady, président du Groupement des pétroliers du Maroc (GPM), a expliqué à ALM que «le mouvement de grève n'a été suivi que très faiblement et n'a pas eu d'impact sur l'approvisionnement des Marocains en carburant. Bien qu'il y ait eu affluence auprès des stations-service la veille des grèves annoncées, tout le monde s'est rendu compte qu'il n'y avait pas de quoi s'affoler dès le lendemain». Ainsi, comme l'annonçait ALM dans ses colonnes une semaine avant la date prévue de la grève, l'approvisionnement a continué à se faire de manière normale étant donné la faible participation à la grève. De son côté, la Fédération des gérants et propriétaires des stations-service a estimé, dans un communiqué de presse, que le taux de participation au débrayage des stations-service est estimé en moyenne à 75% et que celui-ci aurait même grimpé dans certaines villes, atteignant les 95%, comme ce fut le cas dans le Grand Casablanca. À cela, M. Ziady répond qu'«il est osé d'avancer de tels chiffres!». Et de poursuivre : «Les citoyens peuvent en témoigner directement, et plus spécifiquement les Casablancais, à qui il suffisait de faire un petit tour en voiture pendant ces deux jours de grève pour se rendre compte de l'absurdité de ces déclarations!» Toujours selon M. Ziady, «dans d'autres villes comme Tanger et Agadir, la participation à la grève a été nulle et aucune station-service n'a cessé de fonctionner». Par ailleurs, dans son communiqué, la Fédération des gérants et propriétaires des stations-service accuse les sociétés pétrolières regroupées dans le GPM d'avoir usé de tous les moyens possibles pour saboter le débrayage des stations-service. Le communiqué pointe ainsi du doigt la société Afriquia, appartenant au Groupe Akwa, dont les directeurs sont accusés d'avoir exercé «des menaces et des pressions, de manière directe, sur les gérants des stations-service». Des allégations tout aussi absurdes que les chiffres avancés, selon M. Ziady. «Si la Fédération avait accusé une autre entreprise dans son communiqué, ses déclaration auraient eu plus de poids. Mais s'agissant d'Afriquia, il est impossible que ce soit le cas, pour la simple et bonne raison que le groupe n'est pas concerné par la grève, étant donné qu'il n'a aucune station en location-gérance, et que toutes ses stations-service sont gérées par l'une de ses filiales», explique le président du GPM. Quid de l'appel à dialoguer lancé par la Fédération ? Si celle-ci estime que les gérants des stations-service disposent d'un cahier revendicatif légitime et affirme que ceux-ci sont prêts à lutter pour sauvegarder leurs droits, le GPM répond, quant à lui, qu'il n'est pas disposé à débattre d'une loi. «Il y a une loi qui interdit de faire hériter de son poste, donc en toute logique, le débat est déjà clos. N'étant pas nous-mêmes des législateurs, nous ne pouvons donc pas modifier ou discuter une loi qui existe déjà! Cependant, nous sommes ouverts aux explications, et nous estimons que le citoyen a le droit de comprendre,face à la désinformation qui circule dans la presse», a conclu M. Ziady.
Ce que revendiquent les grévistes La grève observée par certaines stations-service du 17 et 18 juillet trouve ses origines dans la location gérance des stations-service. Le nœud du litige se situe au niveau des accords de 1997, plus particulièrement sur le transfert de la gestion des stations-service par héritage. À ce titre, la Fédération nationale des gérants et propriétaires des stations-service accuse les pétroliers de vouloir mettre la main sur ces stations-service en vue de bénéficier des terrains sur lesquels elles se trouvent, alors que du côté du Groupement des pétroliers du Maroc (GPM) ces accords contreviennent aux principes de la libre concurrence. En gros, il s'agit de personnes qui louent des stations-service auprès des sociétés de distribution qui, elles, restent les propriétaires des murs et des terrains. Aussi, ces locataires demandent aujourd'hui, entre autres revendications, que les contrats soient transmissibles par voie héréditaire. En d'autres termes, qu'en cas de décès de la personne, ses héritiers puissent avoir automatiquement la gérance. Or, comme l'expliquent les membres du GPM, «après le décès, nous nous retrouvons le plus souvent avec dix héritiers, voire plus et qui la plupart du temps ne sont jamais d'accord». Dans de tels cas, le contrat prend fin avec le décès et la société pétrolière doit reprendre normalement possession de sa propriété. Baisse record des ventes de carburant en 2013 Jamais depuis 50 ans le Maroc n'a connu une chute des ventes de carburant comme celle enregistrée au 1er trimestre 2013. Il s'agit d'une baisse de 10% dans les ventes des distributeurs de carburant à travers le Maroc. Cette baisse est plutôt significative puisque c'est un indicateur important de la situation économique dans le Royaume. En effet, qui dit baisse des ventes de carburant dit situation économique au ralenti et impacte sur l'investissement et l'emploi. Principal mis en cause : la crise. Certains opérateurs et acteurs majeurs de l'économie du pays connaissent une récession importante traduite par ces chiffres. Aussi, de gros volumes sont à regretter sur deux secteurs clés en particulier. Il s'agit de la sidérurgie et du bâtiment. Dans le même sens, la baisse d'activité et la récession dans le transport de marchandises vers l'international ont également apporté leur concours au ralentissement des ventes de carburant. Cependant, il convient de relever que le transport urbain connaît une certaine stabilité.