Un tremblement de terre. Une catastrophe naturelle n'est pas un événement politique, c'est un drame humain. Etre obligé de le rappeler est déjà assez douloureux. Devoir «s'en expliquer» ajoute au deuil, «la double peine» de l'injustice. Un tremblement de terre. Une catastrophe naturelle n'est pas un événement politique, c'est un drame humain. Etre obligé de le rappeler est déjà assez douloureux. Devoir «s'en expliquer» ajoute au deuil, «la double peine» de l'injustice. Depuis les premières heures du séisme d'Al Hoceïma, les Marocains meurtris ont dû, de surcroît, subir les assauts malveillants d'une certaine exploitation cynique et politicarde de leur détresse. Ici et là, ailleurs plus qu'ici, mais la colère n'en demeure pas moins légitime. Commentaires tendancieux, images bidonnées, piques et mauvais mots d'esprit et surenchère politicienne, volonté manifeste de nuire. A qui ? A l'Etat ? Au gouvernement ? Non, au Maroc et aux Marocains. On a beau se dire qu'on a l'habitude. On a beau invoquer la lucidité élémentaire selon laquelle ce pays, comme tous les autres, n'a pas que des amis. On a beau estimer, fort raisonnablement, que face à la bassesse et à la médiocrité, la seule attitude convenable, c'est le mépris. On a beau faire valoir tout cela et bien d'autres ressorts de la sagesse, il arrive un moment où la colère explose. Non point que les charognards de tous bords aient le moindre intérêt, mais pour le principe. Dire un écœurement légitime, comme un témoignage éthique. Exploiter le drame et le deuil, cela ne se fait pas. Un « bon mot », pour vendre un « sujet » à un «JT», pour fourguer un papier à une rédaction distraite, pour notifier un activisme politicard, pour marquer un positionnement médiatique aussi nihiliste qu'éphémère, pour compenser un détachement effectif par une surenchère d'attachement verbal par médias étrangers interposés, il y a beaucoup trop d'attitudes indignes qui se sont cumulées pour obliger à une riposte. Dont on se serait, ô combien, bien passés. Le tremblement de terre est un drame humain. Les victimes en sont le Maroc et les Marocains. L'Etat et la Nation, dont il est l'incarnation. Ils ont réagi avec leurs moyens, leurs traditions de solidarité, leur culture de dignité, et le renfort de leurs amitiés internationales. Cela doit s'arrêter là. La vie normale doit reprendre au plus vite envers et contre cette triste péripétie du destin. Le génie, le courage, l'amour véritable de ce pays et de ses gens, la compassion, même pour ceux qui préfèrent ici ou ailleurs, seraient d'y participer, d'y contribuer avec humilité et solidarité universelle. Alors le temps de la politique reviendrait, avec nos différences fraternelles internes, comme nos inimitiés ou amitiés étrangères. Sur le seul terrain digne de la politique : celui des idées, des projets, etc. Faut-il encore rappeler ceci : Même dans ses stades les plus primitifs, l'humanité a su respecter le deuil. Le stade ultime de la modernité serait-il cette régression morale qui ne le ferait plus ? Le Maroc et les Marocains, l'Etat et la société croient encore qu'il y a des valeurs humaines qu'il convient de respecter, surtout dans l'épreuve. De ce point de vue-là, dans la douleur, ils se sont révélés grands. A l'image de leur Souverain. Et l'histoire retiendra cette dignité-là. Pour le reste, chacun aura choisi son camp. De montrer son visage. On s'en souviendra. Ou peut-être même pas ! Par Mohamed El Gahs Secrétaire d'État à la Jeunesse