Le numéro un du PPS avait jusque-là évité de répondre aux critiques émanant de son allié à la majorité, l'Istiqlal. Mais Mohamed Nabil Benabdellah a choisi une réunion de son parti à Casablanca pour sortir de son mutisme. Anticipant probablement toute tentative de réduire sa représentativité dans l'Exécutif, il a déclaré que «le PPS est prêt à quitter le gouvernement s'il le faut». S'exprimant devant les membres de l'association des cadres du parti Benabdellah qui assume la fonction du ministre de l'habitat, de l'urbanisme et de la politique de ville dans l'équipe gouvernementale actuelle, a déclaré que son parti continuera à «militer pour ses idées et principes que ce soit au gouvernement ou à l'extérieur de ce dernier». Anticipant tout arrangement réduisant le nombre de ses portefeuilles ministériels, le parti menace de claquer la porte de la majorité gouvernementale. Car pour le SG du PPS, la condition sine qua non de son parti pour participer au gouvernement actuel était de jouer un rôle plus important et efficace loin de toute participation symbolique dans le but de peser sur le cours des choses. A lire : Gouvernement : Les révélations de Benabdellah Ainsi, le parti du livre rejoint par ses déclarations son principal allié dans la majorité le PJD (Parti de la justice et du développement) dont certains responsables avaient également laissé entendre un potentiel départ du parti de la lampe de la majorité. Cependant, M. Benabdellah est allé encore plus loin en expliquant à sa manière la victoire du PJD aux Législatives de 2011. Il a, en effet, expliqué que «la formation de l'Alliance pour la démocratie, communément appelée G8, est l'une des raisons ayant poussé les électeurs à donner au parti de la lampe une première place confortable dans les élections». Sans les nommer, M. Benabdellah a appelé «les parties qui veulent circonscrire la représentativité du PJD, à faire exactement le contraire de ce qu'ils sont en train de faire actuellement car ce qui se passe actuellement est de nature à rendre cette formation encore plus forte à tous les niveaux». A lire : Gouvernement : Les reproches de Bekirane Le ministre a dit que son parti ne peut pas s'inscrire dans les agissements actuels parce qu'il ne les comprend pas et quel que soit le prix à payer pour le PPS, quitte à sortir du gouvernement. A noter que ce parti est fortement critiqué par le parti de l'Istiqlal qui a pris la décision quelques semaines auparavant de quitter le gouvernement. L'Istiqlal pense notamment que le nombre des ministres du parti du livre est disproportionné par rapport au poids de ce dernier au Parlement (une vingtaine de députés à la Chambre des représentants contre 60 pour l'Istiqlal). Hamid Chabat a particulièrement pointé du doigt le bilan du ministre de la santé, Lhoussaine Louardi, et celui du ministre de l'emploi et de la formation professionnelle, Abdelouahed Souhail. A lire : Gouvernement : PPS-PI, frères ennemis L'Istiqlal chercherait même à introduire de nouveau le ministère de la santé dans son giron en cas d'un remaniement ministériel. Entre un parti de la balance qui a déjà annoncé sa décision de quitter le gouvernement et un PJD puis un PPS qui se disent également prêts à faire de même, le pays fait plus que jamais face à une crise politique profonde dans un contexte économique et social très délicat.