ALM : Quels sont les scénarios envisageables à l'issue du retrait de l'Istiqlal du gouvernement ? Mohamed Darif : Il est normal dans un système politique donné qu'une composante de la majorité puisse se retirer du gouvernement. Ainsi, la nouvelle Constitution a prévu pour une telle situation plusieurs scénarios. J'en note cinq. Le premier étant que le parti de l'Istiqlal se rallie aux partis de l'opposition afin de déposer une motion de censure. Chose qui obligerait le gouvernement à démissionner. Parce que cela va de soi que le parti de l'Istiqlal est devenu un parti d'opposition dès qu'il a décidé de se retirer de la majorité. Il aura ainsi comme tout parti d'opposition un objectif: faire tomber le gouvernement. A lire : L'Istiqlal claque la porte : Y aura-t-il un gouvernement Benkirane II ? Comment procède-t-on à la dissolution du Parlement ? Quelles en sont les conséquences ? La deuxième éventualité est que le chef de gouvernement décide de dissoudre la première Chambre en vertu de la Constitution.
Dans ce cas, on est obligé de tenir des élections anticipées dans un délai ne dépassant pas deux mois. A noter que le chef de gouvernement ne peut pas dissoudre la deuxième Chambre, seul le Roi a ce pouvoir. Troisième possibilité qu'offre la Constitution est la dissolution de la première Chambre, mais par initiative du Roi. Les conséquences sont les mêmes : des élections anticipées doivent être organisées dans un délai ne dépassant pas deux mois. A lire : Le conseil national décide le retrait du cabinet Benkirane Outre les élections anticipées quels sont les autres choix qui se posent au PJD ? Le PJD peut chercher un autre parti pour compenser le retrait de l'Istiqlal, c'est le quatième scénario. Et il y a un cinquième scénario qui réside dans le fait que le PJD trouve une solution politique avec le PI et déploie tous ses efforts afin d'empêcher son retrait du gouvernement.
Le PJD devra dans ce cadre négocier un nouvel accord avec l'Istiqlal en prenant en compte ses revendications et sa vision des choses. Revendications exprimées à plusieurs reprises, notamment à travers le mémorandum du PI adressé au gouvernement le 3 janvier 2013, ainsi que le communiqué du comité exécutif du 30 mars 2013, mais qui n'ont pas été prises au sérieux par le chef de gouvernement.