ALM : Malek, tu t'es fait rare ces derniers temps mais tu nous reviens avec des projets plein les bras ? Peux-tu nous en parler ? Malek : Je ne me fais pas plus rare que d'habitude puisqu'en moyenne, j'ai toujours sorti un album tous les trois ans. Et entre-temps, j'écris ou je tourne donc, forcément, je suis moins connu dans les médias, ce qui est parfaitement normal. Je travaille sur un album en duo dont un premier single est sorti dernièrement sur le Net à travers yala.fm. La chanson s'appelle «Un pays où... » et est partagée avec Sabrine El Koulali, lauréate de Studio 2M en 2007. Je me suis remis aussi à tourner en acoustique, à l'étranger surtout. La vie d'artiste au Maroc ? Le métier est en train de se structurer dans le pays, il faut le reconnaître mais il faut évidemment que ça aille encore plus loin. Ce métier doit devenir une réalité économique pour qu'il puisse prendre sa vitesse de croisière. La musique pourrait jouer un rôle encore plus significatif dans notre pays tant au niveau de l'image véhiculée à l'étranger qu'au niveau de l'énergie positive qu'elle pourrait insuffler encore plus à nos concitoyens. La musique étant une source d'énergie extraordinaire. Une vie sans musique serait comme dépeuplée. Les freins au développement ? Au début de tous nos malheurs se trouve le piratage. En réalité, celui-ci a généré auprès de nos concitoyens la culture de la gratuité par rapport à la musique ! Aujourd'hui, beaucoup de gens ne comprennent plus pourquoi ils paieraient pour écouter un artiste et sa musique ! A ma connaissance, la musique est la seule chose gratuite dans notre vie quotidienne. Il est donc difficile d'en faire une réalité économique indispensable à son développement. Les nouvelles technologies pour remédier au piratage ? La musique que l'on veuille ou non, passe désormais ou passera par le Net qui va devenir le relai incontournable et quasi exclusif. Il faut donc encadrer juridiquement tout cela pour que tout le monde s'y retrouve, auteur, compositeur et producteur. Les parties concernées vivront ainsi ce phénomène comme une mutation et non comme une punition. C'est là, à mon sens, où va se développer le nouveau marché de la musique. On n'achètera plus de CD mais on téléchargera légalement de la musique. L'artiste sera rémunéré au prorata de sa popularité et de son succès. C'est loin d'être idéal mais ceci est déjà pratiqué et on peut considérer que c'est un premier pas vers la législation de ce nouveau monde musical. D'autres règles viendront pour asseoir un peu mieux cette réalité. A mon avis, on achètera de moins en moins de CD. On les gravera soi-même, mais légalement. Est-ce que le Maroc et les autres artistes marocains y adhèrent? Il y aura forcément des résistances, de part et d'autre, à cette nouvelle réalité mais on n'y échappera pas ! Studio 2M ? Studio 2M en est à sa 10ème édition cette année, ce qui est une preuve de succès indiscutable. La moisson de voix cette année est très intéressante. Ces dix ans de participation à Studio 2M m'ont donné le goût de transmettre et de partager avec les jeunes mes 32 années de métier. Où trouves-tu tes inspirations? L'inspiration c'est comme une rage de dent cela ne prévient pas ! L'artiste est un passeur… pas forcément de douleur tout de même ! La prochaine étape? Aller à la découverte d'autres musiques dans d'autres mondes et partager, c'est ce que je suis en train de vivre. Un dernier mot peut-être... Le Maroc est pluriel, ses musiques aussi. Il faut absolument que nous le fassions savoir. Nous devons communiquer beaucoup plus et beaucoup mieux sur cette richesse. Il ne faut pas hésiter à aller même loin pour la faire partager. La musique est un élément majeur dans une société. Elle véhicule le rêve et le génère aussi.