Dans le contexte du printemps arabe qui aurait bouleversé la donne dans la sphère géopolitique et culturelle, plusieurs réformes se sont poursuivies au Maroc. Une refonte de la Constitution a été faite et les efforts de la société civile se sont multipliés pour faire de l'égalité hommes-femmes une réalité. Tels qu'exposés, ces faits ne peuvent que dresser un tableau positif quant à la question de la parité. Sur le tas néanmoins, pas grand-chose a changé. Un pessimisme désolant mais justifiable demeure fort présent chez les différents acteurs politiques, économiques et associatifs. Des valeurs comme l'égalité et la parité des sexes ainsi que l'accès des femmes aux postes de responsabilité demeurent le cheval de bataille aussi bien des hommes que des femmes au Maroc. Il est bien évident qu'en termes de textes le Royaume dispose d'une Constitution, d'un Code de la famille adopté il y a 9 ans de cela déjà. Toutefois, sur le plan opérationnel, la réalité des faits ne suit pas. Dire que la femme a acquis une grande avancée en matière de droits au Maroc, c'est se leurrer. Comparer cette avancée à celle des pays voisins, c'est sombrer dans un débat stérile et sans grand apport. La représentation des femmes dans la gouvernance locale ou dans les hautes sphères gouvernementales marocaines a considérablement régressé. Si, au Maroc d'aujourd'hui, une seule femme figure dans la composition du gouvernement, c'est que forcément cette femme a du mal à arracher le statut qui lui est légitime. Aujourd'hui, les chiffres sont alarmants. Un dernier classement par le World Economic Forum classe le Maroc en bas d'échelle. Sur 135 pays, le Royaume est classé 129ème pour ce qui est du respect de la parité homme-femme. Encore faut-il avoir les moyens de le faire. Ce classement est fondé sur la base de quatre domaines essentiels, à savoir la santé, l'éducation la politique et la participation de la femme aux opportunités économiques. Pour Saloua Karkri Belkeziz, fondatrice de l'Association des femmes entrepreneurs au Maroc (AFEM) et directrice générale de GFI Maroc, «ces quatre éléments sont indissociables, on ne peut arriver à une place qui nous échoit si on ne fait pas de la politique». L'AFEM comprend aujourd'hui environ 500 femmes chefs d'entreprises membres. Toutefois, dans 95% il s'agit de toutes petites entreprises (TPE) qui opèrent dans les services. C'est dire que, même quand une femme plonge dans le monde entrepreneurial, les perspectives restent très limitées en termes de développement. Selon Nabila Mounib, secrétaire générale du Parti socialiste unifié (PSU), l'épanouissement et le respect des droits de la femme marocaine passent inévitablement par l'éducation. «Seule l'éducation lui permettra l'autonomie intellectuelle, psychologique et économique qu'elle mérite».