La crise économique affecte sans exception l'ensemble des secteurs en Espagne y compris les médias. Les victimes sont à la fois des journalistes, des directeurs de programmes et des techniciens hautement qualifiés. Uniquement à Madrid, les licenciements et processus de restructuration d'entreprise ont accumulé, depuis janvier dernier, un total de 2.706 postes d'emploi aussi bien dans la radio, la télévision que dans la presse écrite. Cette donnée a été reprise du rapport, présenté vendredi, par l'Observatoire de l'Association de la Presse de Madrid (APM), un organisme indépendant mis en marche pour le suivi de la crise dans les médias. La fermeture du Canal Veo 7, une Télévision Numérique Terrestre (TNT), les processus de régulation d'emploi au Groupe Prisa et les licenciements à Marca TV, un TNT des sports, ont porté le chiffre des licenciements dans le secteur des médias à un niveau intenable à Madrid, lit-on dans le rapport de l'APM. En détail, ce sont 2.451 licenciements, 107 retraites anticipées et 148 affectations forcées à d'autres postes d'emploi et régions. Depuis février dernier, ont disparu dans le secteur journalistique madrilène un total de 494 emplois. La suspension des programmes du Canal Veo 07, celui qui avait dirigé une forte campagne contre le Maroc durant l'incident du campement Gdeim Izik, s'est traduite par le licenciement de 170 travailleurs. Pourtant ce canal appartient à Unidad Editorial, un des puissants groupes de médias en Espagne qui gère entre autres El Mundo, Marca et une infinité de publications spécialisées. A la télévision Marca TV, autre canat TNT appartenant à Unidad Editorial et à MEDIApro (propriétaire de la chaîne La Sexta), ont été licenciés 37 travailleurs alors que les contrats de 44 autres n'ont pas été renouvelés dont ceux de deux journalistes, quatre réalisateurs, deux documentalistes. Le reste se constitue de techniciens. Autre géant médiatique, Groupe Prisa qui édite le journal El Pais, a licencié de son côté, le 27 juin dernier, 121 travailleurs qui exerçaient au sein de son holding audiovisuel, par le biais d'un processus de restructuration de ses départements. Avant 31 décembre prochain, entre 600 et 700 autres professionnels seront mis à la disposition d'autres entreprises sans possibilité d'être affectés à des activités qui correspondent à leur profil professionnel. Ces licenciements font partie du « Plan d'Efficience Opérative » de Prisa qui prévoit la réduction de 2.514 postes d'emplois (1.240 à l'audiovisuel, 244 en éducation, 649 à la radio, 309 dans la presse écrite et 72 dans le reste du groupe). Le groupe avait cédé, fin 2010, sa chaîne Cuatro à Telecinco, qui appartient à Silvio Berlusconi, provoquant le départ de 104 professionnels. Il avait également supprimé son canal d'information en continu CNN+, le 3 décembre dernier. La crise touche aussi le premier groupe médiatique d'Espagne, Radiodiffusion Télévision Espagnole (RTVE - public) qui a annoncé, fin juin, l'élimination de sa grille des programme « La Mañana de la 1 » et « España Directo », ce qui a eu pour conséquence la suspension des contrats de 200 travailleurs. Depuis sa création en 2008, l'Observatoire de l'APM pour le suivi de la crise a recensé en Espagne 47 fermetures de médias, 16 processus de restructuration d'entreprises et 45 autre de réduction de personnel sous forme de licenciements et retraites anticipées sans compter la disparition de revues professionnelles et sociétés de communication. Cette situation démontre que le secteur des médias est celui qui connaît le plus de précarité. Dans ces conditions, il serait quasi impossible pour le journaliste, en chômage, d'être recruté à nouveau dans les mêmes conditions professionnelles et matérielles que dans son précédent emploi. C'est une autre réalité du monde du journalisme.