Les socialistes en Espagne passent par des moments de transition depuis que José Luis Rodriguez Zapatero, secrétaire général du Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE), eut renoncé à briguer un troisième mandat comme président de gouvernement. C'est son numéro deux, Alfredo Perez Rubalcaba, qui a été désigné à la majorité des barons du parti comme future tête de liste aux élections législatives de mars 2012. Toutefois, la conjoncture actuelle n'est guère favorable aux socialistes pour entreprendre un changement à la tête de sa coupole. La persistance de la crise économique, les sondages d'opinion défavorables et l'absence de décision ferme pour remodeler l'agenda du parti constituent des obstacles difficiles de surmonter. Samedi prochain, le Comité Fédéral du PSOE se réunira afin de prendre des décisions cruciales pour le futur des socialistes. Rubalcaba devra alors décider définitivement de la méthodologie à suivre pour affronter son nouveau défi qui consiste à maintenir les socialistes au pouvoir et stopper la montée de la droite conservatrice. Pour le moment, il est l'homme clé au gouvernement mais les militants réclament qu'il soit déchargé de ses fonctions comme premier vice-président, porte-parole de l'exécutif et ministre de l'intérieur. Zapatero compte maintenir le silence, samedi prochain, un geste qui confirmerait le passage graduel du leadership au sein du parti, révèlent des sources socialistes. Des rumeurs circulent avec insistance sur l'éventualité de provoquer une mini-crise politique afin de faciliter la sortie de l'exécutif de Rubalcaba pour qu'il s'occupe exclusivement de la promotion de sa candidature à la présidence du gouvernement. Deux options se présentent : ou bien, Zapatero nomme trois nouveaux ministres pour occuper les portefeuilles que détient Rubalcaba, ou bien ceux-ci seraient rattachés à d'autres ministères. De même, l'option d'élections anticipées n'est pas á écarter. Bien qu'elle soit une revendication de l'opposition, certains militants socialistes l'appuient discrètement comme ils appuient le départ de Rubalcaba du gouvernement. Certains médias tentent, mardi, d'apporter la réponse à cette inconnue. C'est le quotidien El Periódico de Catalunya qui titre à la Une que « Rubalcaba prépare son imminente opération de départ du gouvernement » et parle du « compte à rebours au gouvernement». Selon le journal, l'abandon par Rubalcaba de ses trois portefeuilles interviendra dans les prochains jours ce qui pourrait conduire à des élections anticipées en automne prochain. Tout ceci corrobore les gestes de Zapatero qui compte organiser une « transition tranquille » pour permettre à son successeur à la tête de la candidature aux élections générales d'assumer graduellement la responsabilité au sein du parti et éviter ainsi de donner l'impression d'un exécutif bicéphale. Rubalcaba devra, dans son premier discours samedi devant le Comité Fédéral en tant que candidat à la présidence du gouvernement, apporter des réponses aux rumeurs qui circulent autour de son programme et de l'agenda de son parti. Ce mouvement qui s'opère au sein du PSOE intervient en un moment où le Parti Populaire bénéficie de l'appui des pronostics qui le plébiscitent comme grand vainqueur aux prochaines élections générales. Les élections locales et régionales du 22 mai dernier, ont apporté davantage de force à ces pronostics grâce surtout aux victoires des populaires aux fiefs historiques des socialistes, telles Castille-La Manche et Estrémadure. Les résultats du dernier sondage en date, publiés lundi dans le quotidien La Razon, accordent au Parti populaire 47,1% des voix contre 31% au PSOE au cas où seraient organisées des élections législatives. Le PP aurait gagé entre 60 et 67 sièges de plus que les socialistes, ce qui lui accorde la majorité absolue. Selon le même sondage, les socialistes auraient perdu plus de 3,6 millions de votants, dont 2,1 opteraient pour l'abstention. Dans un autre sondage, dont les résultats ont été publiés dimanche par El Pais, 50% des espagnols sont favorables à des élections anticipées et le PP devance avec 14,3 points les socialistes dans les intentions de vote. Les militants socialistes, dont des barons, souhaitent que Rubalcaba décide d'entamer immédiatement la conception de son propre profil loin du gouvernement. Sa sortie de l'exécutif ne paraît nullement une simple procédure en un moment où le PSOE est décidé à redresser la barre des sondages défavorables, récupérer la confiance auprès de ses militants et véhiculer un message d'optimisme pour assurer la société dans son ensemble que l'Espagne ne connaîtra jamais le même sort que la Grèce.