Si pour beaucoup l'été rime avec soleil, bord de mer, piscine, baignades, bronzage, une période où on se laisse aller, il est aussi préférable de manger dehors un sandwich, une pizza, un bol de harira, un verre de thé, une glace… Entre fast-food, mahlaba, gargote ou vendeurs de saucisses, on calme comme on peut sa faim et on en vient à oublier les dangers auxquels on s'expose surtout par la chaleur qui fait actuellement, et qui favorise la propagation de toutes sortes de microbes. Une toxi-infection alimentaire (en langage courant, une intoxication alimentaire) est une maladie, souvent infectieuse et accidentelle, contractée suite à l'ingestion de nourriture ou de boisson contaminées par des agents pathogènes qu'il s'agisse de bactéries, virus, parasites ou de prions. Une telle contamination résulte habituellement de méthodes inadéquates de manipulation, préparation, stockage ou conservation ou cuisson des aliments (non-respect des températures d'entreposage ou de cuisson, contaminations croisées). De bonnes pratiques d'hygiène avant, pendant, et après la préparation de la nourriture peuvent réduire les risques des toxi-infections. Une toxi-infection alimentaire collective (TIAC) est une maladie infectieuse qu'il faut déclarer et qui a lieu lorsqu'il existe «au moins deux cas groupés, avec des manifestations similaires dues à une contamination par un micro-organisme (bactéries en général) ou une toxine. Les symptômes débutent typiquement plusieurs heures à plusieurs jours après l'ingestion et selon l'agent en cause, et peuvent comprendre un ou plusieurs des troubles suivants : nausée, douleur abdominale, vomissements, diarrhée, gastro-entérite, fièvre, maux de tête ou fatigue physique. Dans la plupart des cas, les symptômes disparaissent sans lendemain après une courte période d'indisposition et de maladie. Cependant, la maladie transmise par les aliments peut avoir comme conséquence des problèmes de santé permanents et même provoquer des décès, notamment chez les bébés, les femmes enceintes et le fœtus, les personnes âgées, les malades, les personnes présentant un déficit du système immunitaire Un problème très répandu Pour bien mesurer l'ampleur du problème, le meilleur moyen c'est de se rendre aux services des urgences, là on peut constater que ces services enregistrent de nombreux cas d'intoxications alimentaires en été, même constat au niveau du privé où les intoxications alimentaires sont un motif de consultations relativement important. Les principaux germes responsables de ces intoxications sont l'Escherichia coli, les salmonelles qui sont les plus fréquentes et les plus connues. Ces germes en se multipliant, sont capables de provoquer de graves infections, d'autres germes peuvent aussi entraîner ces intoxications. Pourquoi l'été est-il la saison de prédilection des intoxications alimentaires ? Eh bien tout simplement parce que la température élevée favorise le développement des bactéries. Les œufs, les produits laitiers et les viandes sont les premières cibles de ces bactéries. Quand les conditions d'hygiène et de propreté font défaut comme c'est le cas au niveau de certains fast-food, pâtisseries et pizzerias, on peut imaginer les dégâts et leurs répercussions sur la santé du consommateur. L'une des intoxications alimentaires les plus connues est celle due à la bactérie E.coli (Escherichia coli). Causée surtout par l'ingestion de viandes venant des bovins, mais également des volailles pas assez cuites, jus de fruits préparé dans des conditions qui laissent à désirer. Elle cause un syndrome hémolytique (destruction des cellules rouges du sang entraînant la libération d'hémoglobine dans le sang) et urémique (augmentation anormale du taux d'urée dans le sang). Les symptômes (3 à 5 jours plus tard): nausée, vomissement, diarrhée sanglante, très grande fatigue, fièvre, d'autres symptômes peuvent être ressentie aussi. Attention aux fraudeurs Quand nous voyons l'abattage des poulets qui se fait en plein air au niveau des marchés, le transport de ces mêmes poulets qui se fait sur des cyclo moto entassés dans des sacs en plastique ou des couffins sans la moindre mesure d'hygiène, ni chaîne de froid, nous ne pouvons qu'être sidérés et étonnés qu'aucune mesure ne soit prise par les services concernés pour interdire ce genre de situation qui nuit à la santé des citoyens. Même constat pour les viandes issues de l'abattage clandestin et qui sont refilées aux différents snacks, fast-food et même à certains bouchers qui ont pignon sur rue. Le laisser-aller des autorités, la cupidité des commerçants et l'appât du gain facile au détriment de la santé de pauvres citoyens sont inadmissibles. Pourtant des cas très sérieux d'intoxications alimentaires sont signalés par les services compétents. Des rapports sont élaborés, le ministère de la Santé tire de temps à autre la sonnette d'alarme et parfois l'irréparable peut arriver. Mais alors pourquoi ce laxisme des services de la Wilaya ? Qui laissent les laiteries se transformer en pizzeria, devenir du jour au lendemain de véritables restaurants sans aucune autorisation, sans compétences. Qui permet à toutes ces femmes de transformer la plage de Sidi Abderrahman en souk où sont servis des repas dans des conditions d'hygiène lamentables ? Qui laisse s'installer l'anarchie ? Cette situation doit cesser et si on hésite à prendre les mesures qui s'imposent, il faut alors organiser et réglementer ces professions pour qu'elles ne soient pas synonymes de danger pour les citoyens. En attendant et tant que les autorités concernées resteront sourdes aux appels des consommateurs, nul ne peut empêcher les commerçants malhonnêtes d'exercer dans l'anarchie et le non respect des règles d'hygiène les plus élémentaires. «Le profit de l'un est le dommage de l'autre», avait dit Montaigne. Pour contredire cette citation, il faut serrer la réglementation pour que la pression soit maintenue dès l'ouverture du commerce. Il est nécessaire d'imposer le règlement. Celui qui ne le respecte pas doit disparaître. Pas de nouvelle chance quand il s'agit de santé publique. On ne peut pas se contenter de mises en demeure. On doit fermer rideau à tout un chacun qui ose jouer avec la vie des autres. Quand on voit que la nourriture se vend à même le trottoir au vu et au su de tous, le plus bel exemple c'est naturellement celui de Derb Ghallef où s'entassent des tonnes et des tonnes de produits alimentaires. Du fromage, en passant par le beurre, la mortadelle, les noix, l'acajou, les jus en pack, le chocolat, bref tout ce dont les présides occupées ne veulent plus se retrouve par miracle ici entassé chez des marchands qui ne comprennent rien à l'hygiène alimentaire, mais qui sont des experts dans le domaine du gain facile et de l'enrichissement illicite. Tous ces vendeurs de produits souvent avariés, aux origines douteuses font quotidiennement leur sale bisness et ne sont nullement inquiétés des conséquences qui peuvent découler par la faute de ces produits de contre-bande. Il ne fait aucun doute qu'il reste beaucoup à faire dans ce domaine, le travail sera long et le bout du tunnel n'est pas pour demain. Il n'y a qu'à voir le nombre de vendeurs de jus d'orange qui ont envahi les boulevards et avenues, ceux qui proposent des escargots, les vendeurs de poissons qui s'installent à même le trottoir pour vendre des poissons qui dégagent des odeurs nauséabondes. Dans le même registre, il y a la bonne femme voilée ou le gars avec sa barbe qui vous proposent des briwates aux fruits de mer, l'autre du saikouk… Tous ces produits et tant d'autres sont très sensibles et peu résistants aux bactéries coupables d'intoxications alimentaires collectives au vu du nombre de personnes qui sont portées sur ces produits bon marché... Ce qui étonne, c'est de voir les gens acheter ces produits sans la moindre crainte. Mais alors où sont les services d'hygiène ? Suis-je encore une fois tenté de dire Notons que la consommation de certains produits alimentaires, les laitages en premier lieu et au même titre que les viandes et œufs, ainsi que quelques produits en conserve et ceux exposés au soleil par certains marchands et épiciers ainsi que sur le marché parallèle sont les premiers coupables des intoxications. Protéger les plus fragiles Si elles sont parfois sans gravité, les intoxications alimentaires peuvent se révéler dangereuses lorsqu'elles touchent les nourrissons, les enfants en bas âge et les personnes âgées. Ces derniers qui se déshydratent plus rapidement que les autres et dont les moyens de défense ne sont pas aussi importants risquent d'y passer dans certains cas. Le mieux est de consulter dès l'apparition des premiers symptômes. Seulement il y a mieux encore ! Les adages le confirment ; «il vaut mieux prévenir que guérir». En attendant des actions concrètes des autorités concernées et l'éveil des consciences dont la sieste semble sans fin, la solution serait, donc, la prévention et la vigilance. Concernant les personnes fragiles, il faut éviter de leur donner des mayonnaises à base d'œufs crus. Faire plus attention lors des préparations des repas au niveau des cantines comme c'est le cas en cette période de colonies de vacances. Même chose pour les repas préparés et servis lors des mariages Des règles simples Dans les pays développés, la prévention contre les intoxications alimentaires relève essentiellement de l'action de l'Etat, en mettant en place un service de veille vétérinaire pour surveiller les animaux vivants, leur abattage et les produits alimentaires qui en sont issus, doté d'un pouvoir d'inspection (des abattoirs, boucheries, usines agro-alimentaires, magasins, restaurants...) et de répression; également en mettant en place une obligation de traçabilité (identification des lots de produits alimentaires pour pouvoir les retirer en cas de risque sanitaire). Vous devez adopter quelques règles simples de bon sens, de prendre quelques mesures et d'adopter quelques gestes du quotidien qui pourraient vous éviter le pire. En faisant ses courses, l'idéal est de faire attention aux étiquettes et aux dates de péremption. L'état de l'emballage compte également. Mais avant tout cela il faut prendre la peine de s'approvisionner dans une grande surface de préférence, telles les superettes, généralement tellement fréquentées qu'ils s'approvisionnent à leur tour systématiquement. Le consommateur est, donc, certain que la marchandise est fraîche. Ne jamais s'arrêter aux marchands à plein trottoir même si leurs prix sont alléchants. De la part des professionnels, il convient d'adopter des mesures d'hygiène stricte (habits, matériel de qualité alimentaire, nettoyage, chaîne du froid, formation du personnel...), ainsi qu'une surveillance des risques, réaliser des prélèvements réguliers à des fins d'analyse. Pour les particuliers, la prévention consiste à respecter les conditions de conservation des aliments, à contrôler la date limite de consommation des aliments emballés, à nettoyer le réfrigérateur régulièrement, à se laver les mains avant de préparer et de consommer un repas, à laver à l'eau claire les produits consommés frais (fruits, salade, légumes), à laver les couverts après utilisation et à maintenir la cuisine dans un état de propreté suffisant. Les salariés malades qui manipulent des aliments sont l'une des sources de contamination les plus répandues transmise par voie alimentaire. Quelques maladies fréquentes sont occasionnellement transmises à la nourriture par l'eau qui sert dans ce cas de vecteur. Parmi celles-ci on compte les infections provoquées par les Shigelles, l'hépatite A et les parasites comme Giardia lamblia et Cryptosporidium parvum. La souillure de la nourriture par des animaux nuisibles en particulier les mouches, rongeurs constitue un autre mode de contamination des aliments par d'autres vecteurs. La maladie transmise par voie alimentaire peut également être due à la présence de pesticides En conclusion, nous recommandons la vigilance, assurez-vous de la bonne hygiène, de la bonne conservation, de la provenance des produits que vous achetez. Par ailleurs et concernant les professionnels de la restauration, le respect des bonnes règles d'hygiène et tout simplement celles de la propreté, comme par les familles est indispensable. Si l'on veut éviter des désagréments et passer un été paisible. Bonnes vacances Petit rappel des mesures préventives Lavez-vous les mains avant de préparer de la nourriture et après. Lavez à l'eau chaude savonneuse les couteaux, les fourchettes et les cuillères dont vous vous servez pour préparer de la viande, du poulet ou du poisson. Dégelez la viande au réfrigérateur ou dans le micro-ondes et faites la cuire sur-le-champ. Evitez de manger de la viande, du poisson ou des œufs crus. Ne mangez pas de nourriture qui sent mauvais, qui a été entreposée dans un pot fissuré ou dans une boîte de conserve bombée. Réglez la température du réfrigérateur à 3 ºC (37 ºF). Ne mangez pas de viande ou de produits laitiers cuits qui ont passé plus de deux heures en dehors du réfrigérateur.