Les intoxications alimentaires constituent toujours un sérieux problème de santé publique. Augmentant d'année en année, elles marquent leurs pics particulièrement en été, les températures élevées favorisant le développement des bactéries. L'alimentation est devenue un véritable sujet de préoccupation pour les citoyens. Pendant la période estivale, les habitudes de consommation changent. De plus en plus de personnes préfèrent prendre leurs repas à l'extérieur. Ce qui a favorisé l'émergence d'une nouvelle tendance qui ne cesse de progresser, celle de la restauration rapide. Ces derniers temps, les commerces de vente de casse-croûtes poussent comme des champignons (sandwiches, boissons, glaces…). Les produits vendus ne répondent pas toujours aux règles d'hygiène et sont souvent exposés à longueur de journée au soleil et aux poussières, ce qui privilégie la prolifération des bactéries et représente un réel danger pour le consommateur. Amal, 27 ans, employée, évite d'aller manger dans la restauration rapide ou «fast-foods », car certains ne respectent pas les normes sanitaires. « Il y a toujours un risque d'intoxication alimentaire», témoigne-t-elle. Et pour cause, le non-respect de la chaîne de froid, des lieux de stockage mal entretenus, un matériel et des lieux de préparation des produits mal nettoyés, un manque d'hygiène chez le personnel,…L'hygiène, ou son absence, est un facteur déterminant dans la contamination. Selon le Docteur Mohammed Boutaleb, spécialiste des maladies de l'appareil digestif, «les modes de transmission les plus fréquents est la manipulation des aliments par des personnes malades, parfois par l'eau d'irrigation, ou par des animaux nuisibles tels que les mouches, quand l'existence de pesticides ou d'autres substances chimiques ne sont pas en cause». Un rapport du Centre anti-poison et de pharmacovigilance indique à ce titre que les intoxications alimentaires occupent la troisième place des intoxications au Maroc après celles causées par les piqûres de scorpions et par le monoxyde de carbone. Selon les données de l'Organisation mondiale de la santé citées par le rapport, deux millions de personnes dans les pays en développement, en majorité des enfants ou des nourrissons, décèdent chaque année à cause de l'intoxication alimentaire, alors que dans les pays développés, le taux de victimes d'intoxications est nettement moins élevé. Sur l'année, les « intoxications alimentaires» sont plus fréquentes en été et dépassent les 30%, contre 26,7 % au printemps, 22,2 % en automne et 18,6% en hiver. Les aliments en cause sont très diversifiés. En 2007, l'étude des cas reçus a révélé que le poulet était incriminé dans 16,47%, suivi de la viande dans 14,71%, puis les œufs, le poisson, le lait, le couscous, le lben (petit lait), les sardines, la pâtisserie, les escargots et la pastèque. C'est dire qu'à moins de faire attention, tout peut vous conduire à l'hôpital. Dr. Mohammed Boutaleb, président de l'AGPC. «La santé est dans l'hygiène» Quelle est la différence entre une intoxication alimentaire et une allergie alimentaire ? Une intoxication alimentaire ou plus précisément une toxi-infection alimentaire est une maladie souvent infectieuse et accidentelle causée par l'ingestion d'aliments contaminés par des agents pathogènes. Elle se distingue de l'allergie alimentaire qui est une réaction anormale de défense du corps à la suite de l'ingestion d'un aliment non contaminé par les agents pathogènes. Quels sont les symptômes des intoxications alimentaires ? Ces symptômes se manifestent quelques heures à plusieurs jours ,voire des années après l'ingestion, selon l'agent pathogène en cause, la dose infectieuse ingérée, l'âge et l'état de santé du consommateur. En cas d'infection bactérienne, les symptômes débutent 12 à 36 heures après l'ingestion de l'aliment contaminé. Lorsque l'agent est viral, les symptômes se déclarent en général après 1 à 3 jours, parfois après 2 à 6 semaines en ce qui concerne le virus de l'hépatite A.Lorsque les symptômes débutent entre 1 à 6 heures après l'ingestion, on incrimine une exotoxine. Ces maladies peuvent causer des problèmes de santé permanents ,voire même des décès, surtout chez les bébés, les femmes enceintes, les sujets âgés, les malades et notamment en cas de maladie chronique du foie ou du système immunitaire. Quelles sont les mesures de prévention ? La prévention des intoxications alimentaires doit être à 3 niveaux. D'abord au niveau étatique par la mise en place d'un service de veille vétérinaire pour surveiller les animaux vivants, leur abattage et les produits alimentaires qui en sont issus. Ceci est valable également pour les commissions d'inspection des abattoirs, boucheries, usines agroalimentaires, restaurants qui doivent vérifier, notamment, des étiquettes d'identification des lots de produits alimentaires. Ensuite au niveau du travail, dans la mesure où il faut former les professionnels de la restauration à respecter les mesures d'hygiène (vêtements, nettoyage, chaîne du froid, matériel de qualité alimentaire) et surveiller les risques par l'analyse des prélèvements qui doivent être réguliers. Enfin au niveau individuel. Le citoyen doit respecter les conditions de conservation des aliments, contrôler la date limite de consommation, nettoyer le frigidaire régulièrement, se laver les mains avant la préparation et la consommation des aliments, de laver à l'eau les aliments consommées frais. En cas d'utilisation d'eau du puits, il faut faire analyser son eau régulièrement et ajouter une petite cuillère d'eau de javel pour laver les légumes, fruits et salades. * Association des gastro-entérologues privés de Casablanca.