L'aboutissement rapide du processus de réaménagement du cadre juridique régissant les relations du Maroc avec ses partenaires africains s'avère indispensable pour soutenir la dynamique des investissements marocains en Afrique, ont souligné mardi à Rabat les intervenants à un colloque international. Les similarités socio-économiques entre le Royaume et les pays africains rendront le partenariat économique plus efficient dans le cadre de la coopération Sud-Sud, ont indiqué les participants à cette rencontre initiée par l'Institut des études africaines sur le thème “La coopération économique entre le Maroc et l'Afrique subsaharienne: Nouvelles dynamiques”. Les conférenciers ont également relevé la nécessité de saisir les opportunités offertes par les mécanismes de la coopération triangulaire (coopération Sino-africaine, Indo-africaine, Euro-africaine et Amérique-Afrique). L'Afrique dispose d'opportunités très importantes néanmoins un immense potentiel reste à exploiter, ont ils indiqué, précisant dans ce sens que les échanges entre pays africains sont loin d'atteindre le niveau escompté. Seulement 10 pc des exportations africaines sont réalisés à l'intérieur du continent, le reste (soit 90 pc) est destiné à l'extérieur, ont-ils déploré. En Afrique, l'un des problèmes cardinaux consiste en l'absence d'une véritable intégration régionale, ont souligné les panélistes, citant notamment le coût de transport des marchandises comme l'un des obstacles majeurs à cette intégration, outre la lourdeur du contrôle au niveau des frontières. En guise d'exemple, ils ont indiqué que le transport d'un conteneur du Tchad au Cameroun coute trois fois plus qu'en France ou en Chine, et ce constat constitue un véritable problème à régler impérativement. Lever les obstacles à la fluidité Les conclusions de plusieurs études déclinées à cette occasion font ressortir que les obstacles à la fluidité des marchandises entre pays africains pourraient coûter, pour chaque jour de retard, 1 pc de plus en termes de droits de douane, ce qui affecte négativement la compétitivité des investisseurs et obère le pouvoir d'achat du consommateur. C'est pourquoi les intervenants ont appelé les pays africains à soutenir le groupe qui les représente au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Le groupe africain joue un rôle très important dans toutes les questions intéressant le continent. Ainsi, dans la négociation intitulée Duty-free and quota-free (Négocier l'accès des exportations des pays moins avancés en exonération de droit de douane et des restrictions quantitatives), le groupe africain fait montre d'un grand dynamisme, ont ils fait savoir. Abordant les efforts du Royaume en vue de promouvoir le partenariat Maroc-Afrique, les participants ont rappelé les actions entreprises au bénéfice des pays d'Afrique, citant en particulier l'instauration d'un cadre juridique incitatif à l'investissement et au commerce. Le Maroc a également signé plusieurs accords commerciaux, des conventions de protection réciproque des investissements ainsi que des accords de non double imposition. Parallèlement à ces mesures incitatives, le Royaume a mené des actions à caractère promotionnel visant à faciliter l'accès du secteur privé marocain aux marchés africains. Promouvoir le partenariat Les participants ont en outre rappelé la mise en place d'un fonds de 200 millions DH destiné à promouvoir le partenariat, la coopération et l'échange d'expériences entre les pays africains. Evoquant la place importante du Maroc au sein du continent, les intervenants ont indiqué que le Royaume, pays émergent doté d'une position stratégique, constitue un modèle sur les plans politique et économique, relevant que ces atouts prédisposent le Royaume à jouer le rôle de relais entre l'espace euro-méditerranéen et l'Afrique. Les résultats économiques positifs enregistrés au cours de cette dernière décennie par de nombreux pays africains et l'existence d'un haut potentiel exploitable (30 pc des réserves minérales mondiales, terres arables, ressources énergétiques ect...) expliquent un meilleur repositionnement géopolitique et géoéconomique de l'Afrique dans l'échelle internationale des valeurs. A la lumière de ce constat, la stratégie africaine du Maroc “doit s'adapter à cette nouvelle dynamique en vue de bâtir de nouvelles formes de partenariat économique avec les pays africains et les groupements économiques régionaux”, ont-ils souligné. Cette rencontre de deux jours vise à analyser les opportunités offertes par la coopération économique entre le Maroc et l'Afrique subsaharienne dans la perspective des nouvelles dynamiques géoéconomiques et géopolitiques caractérisant l'évolution du système international post Guerre froide. Il s'agit également de dégager les tendances récentes de la stratégie africaine du Maroc. Plusieurs diplomates africains ont assisté à cette rencontre en plus de chercheurs et d'experts venus du Sénégal, de la Côte d'Ivoire et de la république helvétique.