La Bourse baisse. Cette fois-ci, c'est sérieux. Ce n'est peut-être pas un coup de hasard ou un événement isolé. La Place de Casablanca a terminé la semaine sur une chute de 1,50%, cumulant ainsi une perte de 6,12% pour le Masi, principal baromètre de la corbeille. Il faut dire que le marché boursier casablancais a mal depuis le début de l'année. Vendredi, le titre de la première banque publique du royaume «BCP» est suspendu de la cotation. C'était imprévisible. Sur le site de la Bourse, un communiqué de deux lignes, publié le même jour, signale que «la cotation de la valeur Banque Centrale Populaire est suspendue à compter du 20 mai 2011 dans l'attente de la publication d'informations importantes» (sic). Cette suspension intervient dans un contexte un peu étrange. D'abord, le marché boursier, dans l'expectative, signe sa plus forte baisse quotidienne (-1%) dans un volume d'échanges des plus pingres de ces dernières années (à peine 22,5 millions DH). Ensuite, au niveau du budget de l'Etat le déficit inquiète, débordant la barre de 20 milliards DH. En cause, la hausse vertigineuse des dépenses totales (plus de 22% en février, bien avant l'annonce des augmentations décidées à l'issue du dialogue social en avril), et l'aggravation des charges de compensation aux alentours de 7 milliards DH. Si l'on en croit certains observateurs, la suspension de la cotation du titre BCP est liée à la privatisation d'une bonne partie du capital de la banque. Le Trésor, qui détient 40% du capital, s'apprête à vendre 20% de ses participations à un consortium de banques populaires régionales -BPR-. Le prix de vente n'est pas connu, mais le Trésor s'attend à en tirer quelque 5,4 milliards DH. De quoi boucher un trou, suite à la hausse des salaires et retraites consentie par le gouvernement. C'est dire que la suspension n'a rien à voir avec le programme de rachat d'actions annoncé par la banque et qui n'attend que l'approbation de l'assemblée générale des actionnaires prévue demain 24 mai. Mais il y a un hic. Si cession il y a, il faudrait probablement amender la loi portant réforme du CPM (Crédit Populaire du Maroc). Laquelle loi n° 42-07 dispose que «l'Etat marocain et les BPR doivent détenir au moins 51% du capital de la BCP». Dans le fond, la cession aux BPR ne poserait aucun problème, puisque la formule choisie consisterait en un simple transfert des participations du Trésor aux BPR. Une action de nature à renforcer le caractère coopératif du CPM. On rappellera que le Trésor avait procédé, le 10 juillet 2002, à la cession de 21% du capital de la BCP en faveur des BPR. On y reviendra avec plus de détails dans nos prochaines éditions.