Le roi Juan Carlos 1er a été reçu, lundi, en audience par le roi Mohamed VI. Cette rencontre témoigne du traditionnel climat d'entente et de compréhension qui règne dans les relations bilatérales en dépit des aspérités qui se dressent souvent devant le cours normal des rapports entre les deux gouvernements. La visite du souverain espagnol au Maroc revêt une signification multiple. Il est le premier chef d'Etat qui se présente sur la terre marocaine comme un illustre invité de SM le roi, quelques jours seulement après l'attentat qui avait secoué la paisible place de Jemâa Al Fna. Ensuite, la visite du roi d'Espagne corrobore le bon moment que traverse les relations marocaines à tous les niveaux (politique, diplomatique et humain). Enfin, le séjour du souverain espagnol corrobore la normalité de la vie quotidienne au Maroc en tant que démocratie qui est en train de consolider ses structures institutionnelles, perfectionner le mode de gestion de la chose publique et fortifier le tissu sociétal. De nombreux indicateurs militent en faveur de cette hypothèse. Au plan des relations humaines, les marocains constituent le collectif étranger extra-Union Européenne le plus nombreux (plus de 720.000 munis de papiers en règle) et celui du nombre d'immigrés affiliés à la Sécurité Sociale le plus élevé (plus de 212.000 à fin avril). Au plan économique, le Maroc est devenu une destination de prédilection des entrepreneurs espagnols, avec le débarquement continuel de missions et délégations de chambres de commerce de différentes régions d'Espagne. Il y a une dizaine de jours, une forte délégation ministérielle marocaine s'était déplacée précisément à Madrid pour informer in situ les entrepreneurs espagnols de la panoplie de projets susceptibles d'intéresser les investisseurs espagnols. Face à la crise qui a placé de nombreuses grandes entreprises au seuil de la banqueroute, le Maroc se présente comme une alternative viable eu égard à la proximité géographique, l'existence de circuits commerciaux traditionnels et un arsenal juridique qui protège les investissements réciproques. Plus de 800 entreprises espagnoles opèrent déjà au Maroc, selon l'Institut espagnol du Commerce extérieur. Au niveau des relations humaines, l'Espagne est liée au Maroc par une série d'accords, de conventions et de mémorandums qui intéressent la régulation de la main d'œuvre, la protection des enfants non accompagnés, la réadmission des immigrés de pays tiers et la mise en place de patrouilles conjointes de lutte contre l'immigration irrégulière. Grâce à ces instruments, le chiffre de sans – papiers subsahariens détenus en 2010 sur les plages d'Andalousie et des Iles Canaries a baissé de moitié. Au plan culturel, l'Espagne abrite aussi la plus forte communauté d'étudiants universitaires étrangers. C'est un grand acquis pour la société espagnole du fait que plus de 3.000 étudiants marocains, munis d'une résidence spéciale pour études (pour le fait que leurs parents vivent au Maroc), contribuent à l'enrichissement des connaissances de leurs collègues espagnols pour leur bon niveau éducatif, et, à l'économie des villes où ils résident par l'acquisition de biens de consommation dont la location d'immeubles en une période où l'immobilier en Espagne passe par les pires moments. Ainsi, existe-t-il de nombreux facteurs qui militent en faveur d'un climat d'entente durable, du respect mutuel et de la concorde. Dans ce contexte, le bon voisinage est tributaire des intérêts partagés, qui sont la sécurité permanente dans la Méditerranée Occidentale, la création d'un flux d'échanges économiques équilibrés et la préservation des relations entre les deux peuples, dont le respect des institutions réciproques, la garantie des droits de la main d'œuvre et la coopération désintéressée au développement. La présence au Maroc du roi Juan Carlos 1 er est, donc, un fort témoignage qui démontre que le Maroc constitue un prolongement naturel de l'Espagne et vice versa.