Le duel FC Barcelone-Real Madrid (1-1) a été suivi, samedi soir durant plus de 90 minutes, par environ 400 millions de téléspectateurs de toute la planète. C'était sans doute l'évènement sportif le plus important de la fin de semaine qui a vidé, dans la plupart des villes du monde les rues de leurs passants, partagé les commentateurs sur le lequel des deux clubs est le meilleur, et, relégué au second plan les télévisions satellitaires couvrant les mouvements de protestation des masses populaires arabes contre les régimes totalitaires et absolutistes. En fin de compte, le match, qui s'est disputé au Santiago Bernabeu n'a pas permis au Real Madrid de battre son rival, qui est le leader, ni réduire la différence de huit points séparant les deux clubs. Le duel du samedi fut le premier d'une série de quatre chocs décisifs qui vont marquer le futur immédiat des deux clubs aussi bien au plan sportif que financier. Le match nul, un but partout, a été admis par les deux entraîneurs, José Mourinho y Pep Gaudriola, comme étant une victoire morale et du fair-play, et un résultat positif. Les deux clubs sont appelés, mercredi prochain (20 avril), à disputer la finale de la Coupe du Roi d'Espagne, premier titre de la Liga, et début mai, les demi-finales de la Champion´s League. Ce sont deux compétitions qui diffèrent totalement des matchs comptant pour la Liga. Samedi, les coachs des deux clubs ont sacrifié le jeu créatif au profit du pragmatisme. Le Real Madrid a opté pour une tactique semi-défensive basée sur un 4-4-3 pour créer un double filtre face aux joueurs catalans qui excellent dans la circulation de la balle avec des combinaisons triangulaires, de courtes passes et des incursions par le milieu de la défense. Dans certains moments du jeu, la défense madrilène accumulait jusqu'à neuf joueurs, avec des attaquants de la taille de Ronaldo et Benzemma au carré de réparation pour donner main forte à la défense. Seul Di Maria se positionnait comme pointe pour relancer des contre-attaques. En face, le Barça a entamé la partie avec une tactique totalement opposée de 3-4-3. Cette formule a l'avantage de meubler le milieu de terrain de joueurs habiles, asphyxier la défense adverse et stopper les contre-attaques. Fidèle à son jeu habituel, le Barca a conquis les trois quarts du terrain en variant les passes longues servies aux ailiers, multipliant les passes courtes et tenter de surprendre la ligne arrière du Real. En fin de compte, le Barca a comptabilisé 69% de minutes de possession de balle durant le match, un score suffisant pour certifier la totale domination du jeu par les poulains de Guardiola. Au plan effectif, chacun des deux clubs a eu sa part d'occasions de buts et leurs deux idoles, Messi et Cristiano ont été les auteurs des deux buts sur des coups de penalty. Messi est plébiscité « pichichi » actuel de la Liga avec 30 buts (29 pour Ronaldo). A l'issue du match, il est permis de tirer quelques conclusions. D'abord, le Barça a eu l'opportunité de sceller définitivement le sort de la Liga en écartant définitivement son immédiat rival de la course pour le titre. Il a laissé échapper une victoire face à un Real Madrid évoluant avec 10 éléments depuis l'inscription á la 53ème par Messi du premier but sur pénalty suite à l'expulsion d'Albiol. L'entrée en jeu de Ozil, le dynamo du Real Madrid, a permis d'imposer un nouveau rythme de jeu au milieu de terrain en servant des passes millimétriques à Ronaldo, Khedira et Adebayor. Une incursion du brésilien Marcelino, de l'aile gauche, contré par son compatriote Alves, a été sanctionnée par un pénalty en faveur du Real Madrid. Ronaldo n'a pas dilapidé cette occasion et inscrivit le but d'égalisation à la 82ème minute. Ensuite, les deux clubs sont sortis indemnes de ce duel puisque leurs grandes pièces d'artillerie sont restées intactes à l'issue du match, sans blessure ni carton rouge pour affronter les futurs duels. Enfin, le Barça a démontré qu'il est le grand charmeur au milieu de terrain, et le Real Madrid, un club qui ne perd pas d'espoir. Mourinho a voulu éviter à tout prix une humiliation devant son propre public (après le 5-0 à l'aller au Nou Camp) en optant pour la même recette qui lui donna le triomphe sur le Barça lors de son passage par l'inter de Milan: monter des pièges au milieu de terrain et relancer des contre-attaques. C'est un test qui servira aussi pour les trois duels restants. En fin de compte, la différence de huit points est restée intacte. Le Barça peut se permettre le loisir de préparer calmement les prochains duels. Le Real est soumis à davantage de pression. Résigné, il est amené à disputer les deux titres en lice restants: coupe du roi et Champion´s League. Guardiola a assumé avec humilité que son équipe était venue à Madrid`pour dominer le match, avoir possession permanente de la balle et jouer à l'attaque. Il a également félicité le Real Madrid qui, a-t-il dit, domine la contre-attaque et le jeu aérien. Mourinho s'est plaint, par contre, de l'arbitrage l'accusant d'avoir pardonné un carton rouge à Alves pour avoir fauché Marcelino en face des bois gardés par Valdés. Ce que le téléspectateur marocain n'est pas en mesure de voir dans le duel Barça-Real Madrid sont les 30 millions d'euros que se disputent les deux clubs au plan financier. Dans le « rallye des classico » il y a en jeu 5,6 millions d'euros pour le vainqueur des Demi-finales de la Champion´s league et neuf millions en cas de remporter la finale de ce championnat européen. Celui des deux clubs qui remportera, mercredi la coupe du Roi d'Espagne empochera un million d'euros. Le vainqueur de la Liga aura des recettes infinies uniquement pour la vente de maillots de ses joueurs champions. Selon le dernier rapport de la Deloitte Football Money League, qui assure la comptabilité des recettes générées par les clubs durant la saison de 2009/2010, le Real Madrid avait encaissé 438,6 millions et le Barça en avait facturé 398 millions. L'image du Champion au plan international sera clairement renforcée à l'issue des trois duels restants, ce qui se traduira en termes de ventes de maillots et de prestige auprès des annonceurs.