Des doses inférieures à celles prescrites, des traitements interrompus, des médicaments non-conformes aux normes de qualité sont autant de facteurs qui, de l'avis des experts de la santé, compromettent l'efficacité des antimicrobiens et portent préjudice au système immunitaire. Selon les experts, l'utilisation inappropriée des médicaments destinés à lutter contre l'infection favorise l'émergence rapide de la résistance aux médicaments et la propagation de certaines maladies, jadis sous contrôle. La résistance aux antimicrobiens - également connue sous le terme pharmacorésistance - survient lorsque des micro-organismes comme des bactéries, des virus, des champignons et des parasites se transforment de telle sorte que les médicaments utilisés pour guérir les infections qu'ils provoquent deviennent inefficaces. D'après les statistiques de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), au moins 440.000 nouveaux cas de tuberculose multi résistante et ultra résistante, qui coûtent la vie à 150.000 personnes, ont été signalés dans 69 pays à ce jour. Selon la même source, le parasite responsable du paludisme acquiert une résistance même à la dernière génération de médicaments, et des souches de gonocoques et de Shigella résistantes limitent les options thérapeutiques. Des infections graves contractées à l'hôpital peuvent devenir mortelles en raison de la difficulté à les traiter et des souches pharmacorésistantes de germes pathogènes se propagent d'une région géographique à une autre dans notre monde interconnecté et globalisé. Une résistance aux médicaments antirétroviraux utilisés pour traiter les personnes vivant avec le VIH apparaît également. Ces maladies infectieuses risquent de compromettre le progrès en vue de la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) liés à la santé d'ici 2015. A l'occasion de journée mondiale de la Santé, célébrée le 7 avril de chaque année, l'OMS a tiré, cette année, la sonnette d'alarme quant à la résistance de certains germes pathogènes aux traitements ainsi que d'en limiter l'impact aujourd'hui et de préserver les progrès médicaux pour les générations futures. L'OMS célèbre cette journée sous le signe: «Pas d'action aujourd'hui, pas de guérison demain», qui représente une étape dans la stratégie de l'Organisation onusienne, lancée en 2001 pour lutter contre la résistance antimicrobienne. Cette stratégie a démontré que l'excès et la mauvaise utilisation des antibiotiques sont le foyer d'apparition de résistances aux traitements. Pour faire face à ce phénomène, l'organisation préconise d'élaborer et de mettre en oeuvre un plan national complet doté d'un financement, renforcer la surveillance et les moyens de laboratoire et assurer un accès ininterrompu aux médicaments essentiels de qualité vérifiée. L'OMS appelle également les pharmaciens, médecins et patients à réglementer et promouvoir l'usage rationnel des médicaments et à renforcer la prévention des infections et la lutte contre celles-ci mais également de favoriser l'innovation et la recherche ainsi que la mise au point de nouveaux outils. La résistance aux médicaments est un phénomène biologique naturel à travers lequel les germes acquièrent une résistance aux médicaments censés les éliminer. Avec chaque nouvelle génération, le micro-organisme porteur du gène de résistance devient toujours plus dominant, jusqu'à ce que le médicament soit totalement inefficace.