L'accroissement de la création monétaire a affiché une décélération par rapport à 2009, attribuable essentiellement au ralentissement du rythme de progression des crédits à la consommation et des crédits immobiliers, mais aussi à la quasi stabilité des avoirs extérieurs nets, indique une note d'analyse de la DPEF sur le marché monétaire et obligataire en 2010. Les auteurs de la note soulignent que le déficit de liquidité bancaire s'est significativement rétracté suite, d'une part, à l'amélioration des facteurs autonomes de liquidité et, d'autre part, à la baisse du coefficient de la réserve monétaire obligatoire à 6% en mars 2010. Ainsi, le besoin en liquidité s'est établi à seulement 4,2 milliards DH à fin 2010 contre 10,6 milliards en 2009. L'année 2010 a connu également des interventions excessives et permanentes de la Banque Centrale sur le marché monétaire et ce, pour préserver l'équilibre du marché et maintenir les taux à un niveau compatible avec les objectifs de la politique monétaire. Depuis 2007, le rythme d'évolution de l'agrégat de monnaie M3 n'a cessé d'enregistrer des baisses successives. À la fin de l'année 2010, cette évolution a été de 4,8% après 7% il y a un an. Cette atténuation est principalement attribuable au fléchissement du taux d'accroissement de la monnaie scripturale de 3,8 points, en lien notamment avec la chute des dépôts à vue auprès du Trésor de 5,3%, et au ralentissement du rythme d'évolution des comptes d'épargne et de celui des placements à terme de 2 et 1 points respectivement, suite à l'atténuation du rythme d'évolution des comptes sur carnet et des OPCVM monétaires de 2,3 points et 21,4 points respectivement. En termes de contreparties monétaires, les concours à l'économie, qui ont participé à hauteur de 93% dans l'évolution de la masse monétaire, se sont accrus de 7,4% au lieu de 11,5% en 2009, en relation avec la décélération du rythme de progression des crédits bancaires, passant de 9,7% à 7,6%. Par objet économique, les crédits bancaires ont été tirés essentiellement par les crédits à l'équipement (+16,9%), et dans une moindre mesure par les crédits immobiliers (+8,7%), les crédits à la consommation (+8,1%) et les crédits de trésorerie (+5,9%). De même, les créances nettes sur l'administration centrale, dont la contribution à l'évolution de la masse monétaire n'a pas dépassé 6,5%, ont marqué une hausse de 3,6%, en relation avec la détérioration de la position nette du Trésor auprès de Bank Al Maghrib de 228 millions de dirhams contre une amélioration de 3,1 milliards de dirhams en moyenne au cours de l'année précédente. Concernant les avoirs extérieurs nets, ils se sont améliorés de 0,2% après une baisse de 2,2% en 2009. Cette légère amélioration est attribuable notamment à l'allégement du déficit de la balance commerciale de 1,1 point du PIB, passant de 20,5% à 19,4%, mais aussi à la hausse des recettes voyages de 6,3%, des transferts des Marocains Résidents à l'Etranger (MRE) de 7,7% et des recettes des investissements et prêts privés étrangers de 19,4%. Parallèlement, l'encours moyen des agrégats de placements liquides a enregistré une hausse de 23,3% après 3,4% au titre de l'année précédente. L'attractivité sur le marché boursier, depuis octobre 2010, a permis à l'encours des OPCVM actions et diversifiés de bondir de 25,6% après 18,7% un an auparavant. La même tendance a été enregistrée par les OPCVM obligataires et les bons du Trésor négociables qui ont vu leurs encours annuels augmenter de 25,3% et 19,7% respectivement au lieu de 4,5% et -0,7% en 2009, en lien notamment avec l'amélioration des taux courts sur le marché monétaire et obligataire. Cette situation a nettement affecté la liquidité de l'économie qui a enregistré une hausse de 9,2% contre 6,1%. Repli du déficit des trésoreries Bancaires À fin 2010, la position structurelle de liquidité des banques (PSLB) s'est améliorée de 0,5% pour atteindre 20,8 milliards de dirhams au lieu d'une baisse de 46% en 2009 et ce, sous l'effet expansif de 5,5% des facteurs autonomes de liquidité, notamment les avoirs nets de change de BAM qui ont augmenté de 6,3%. Cette situation, accompagnée d'une baisse du coefficient de la réserve monétaire obligatoire de 8% à 6% (réserve monétaire requise baissant de 31 milliards de dirhams à fin 2010 à 25 milliards à fin 2009), a donné lieu à un allégement du déficit de liquidité bancaire qui est ressorti à 4,2 milliards de dirhams au lieu de 10,6 milliards un an auparavant. Cependant, les taux monétaires ont enregistré une sensible augmentation. Ainsi, par rapport l'année précédente, le taux moyen pondéré (TMP) sur le marché interbancaire s'est établi à 3,29% au lieu de 3,26% et sa volatilité a significativement diminué, passant de 0,24 à 0,08. La même tendance a été constatée sur le marché des repos dont la moyenne des taux au jour le jour s'est élevé à 3,12% contre 3,02% en 2009. Reflétant une situation de besoin de liquidité, le volume quotidien moyen des échanges sur le compartiment interbancaire a baissé de 4,36% pour atteindre 2,6 milliards de dirhams. En termes d'encours, le montant des transactions sur le marché interbancaire a diminué de 7,2%, en lien notamment avec la faiblesse des nouvelles opérations prêt-emprunts par rapport à l'importance des opérations de rachat. La plus forte évolution de l'encours des transactions a été relevée au cours du mois de janvier 2010 où l'évolution mensuelle a atteint 40%. Pour alimenter le marché monétaire en liquidité nécessaire en 2010, BAM est intervenue principalement à travers les avances à 7 jours sur appel d'offres. Le montant hebdomadaire moyen de ces opérations s'est élevé à près de 17,6 milliards de dirhams face à une demande hebdomadaire moyenne de 30,7 milliards de dirhams, soit un taux de satisfaction de 57,3% au lieu de 78,6% en 2009 pour un montant hebdomadaire servi de 16 milliards de dirhams. Quant aux autres instruments de refinancement des banques, leur importance reste dérisoire. En effet, le montant annuel des avances à 24 heures n'a pas dépassé un total de 113 millions de dirhams au moment où les opérations de réglage fin de la liquidité ont demeuré totalement absentes depuis le mois de juillet 2010.