Pas moins de six membres du gouvernement ont fait le déplacement mercredi à Paris pour mettre en valeur la portée des réformes annoncées dans le discours royal et susciter davantage d'engagements des pouvoirs publics français et des investisseurs privés pour faire aboutir le chantier des réformes par le soutien à la croissance économique. Cette délégation comprenait Salaheddine Mezouar, ministre de l'Economie et des finances, Mme Amina Benkhadra, ministre de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement, Aziz Akhannouch, ministre et de la Pêche Maritime, Ahmed Réda Chami, ministre de l'Industrie, du Commerce et des Nouvelles technologies, Yassir Znagui, ministre du Tourisme et de l'Artisanat et Nizar Baraka, ministre délégué auprès du Premier ministre chargé des Affaires économiques et générales. Les ministres, accompagnés d'une forte délégation de chefs d'entreprises marocains, ont planché devant une centaine de grands patrons français sur les réformes en cours et à venir au Maroc, sur les opportunités d'investissements dans plusieurs secteurs et les perspectives de croissance de l'économie marocaine. Après une conférence de presse dominée par les questions d'actualité, notamment la révision de la Constitution annoncée au Maroc, la réforme de la justice et la lutte contre la corruption, la délégation ministérielle a été reçue par la ministre française de l'économie et des finances et de l'Industrie, Mme Christine Lagarde et ses deux secrétaires d'état au commerce extérieur et au tourisme. Les échanges ont porté sur les perspectives de développement des échanges économiques dans le cadre bilatéral et celui de l'Union européenne. Plus tard dans la journée, les six ministres devaient être reçus au Quai d'Orsay, par le ministre des affaires étrangères, Alain Juppé qui "redira le plein soutien" de la France au Maroc, un pays "clairement engagé sur la voie de la démocratie et des réformes" comme en témoigne l'annonce d'une révision "profonde de la constitution" par le souverain marocain, a-t-on appris auprès de son porte-parole. La primauté des règles de droit La délégation ministérielle marocaine a pris part à une rencontre-débat, organisée par le Mouvement des entreprises de France (MEDEF) et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), sous le thème "Réformes et croissance, où en est au Maroc?". Devant une audience, composée notamment d'une centaine de patrons français, la délégation ministérielle a mis en avant les réformes en cours et à venir au Maroc, les opportunités d'investissement dans plusieurs secteurs et les perspectives de croissance de l'économie nationale. "Le potentiel intrinsèque du Maroc ouvre des perspectives à tout le monde", a souligné Salaheddine Mezouar insistant sur la résilience de l'économie marocaine face à la crise, à la faveur d'une politique "volontariste et audacieuse", menée sous l'impulsion de SM le Roi Mohammed VI. Il s'est dit convaincu que les réformes institutionnelles annoncées dans le discours royal sont à même de conforter "l'ambition du Maroc de renforcer son intégration par rapport à l'UE et son positionnement en Afrique". Besoin de confiance de nos partenaires Pour Nizar Baraka, la mise en œuvre des nouvelles réformes auront un impact positif sur le climat des affaires en favorisant "la logique de bonne gouvernance, la primauté des règles de droit, la transparence et la reddition de compte". "Ce sont autant de facteurs qui permettront d'accélérer la croissance de l'économie nationale", a-t-il indiqué. A cette occasion, les membres de la délégation marocaine ont exposé les grandes lignes des stratégies nationales pour le développement des secteurs de l'énergie, de l'agriculture, de l'industrie et du tourisme. "Pour la France et l'Europe, il est important que le modèle marocain réussisse au sud de la Méditerranée", a affirmé le ministre de l'Industrie, du Commerce et des nouvelles technologies, Ahmed Reda Chami, devant des journalistes français et étrangers accrédités à Paris en marge d'une rencontre sur les réformes au Maroc. "Le fait que les peuples assument leur propre modèle de développement donne de l'espoir aux gens", a assuré M. Chami qui s'exprimait lors d'une conférence de presse conjointe avec MM. Salaheddine Mezouar, et Nizar Baraka. "Cela veut dire, a-t-il expliqué, qu'on a besoin de la confiance de nos partenaires et de leur soutien pour s'assurer que toutes les dynamiques positives enclenchées par le passé, aussi bien sur l'investissement que sur les échanges commerciaux, puissent continuer". Le Royaume acteur de sa propre transformation Le ministre a jugé "important que la France et l'Europe restent très positifs par rapport au statut avancé et dans le cadre de la politique de voisinage pour permettre au Maroc de continuer à développer son économie plus vite". Invité à formuler les attentes de Rabat par rapport à Paris, M. Mezouar a plaidé pour le maintien du climat et de relations politiques "positifs" que les deux pays ont construit "dans un esprit de partenariat et dans le cadre de la responsabilité mutuelle". Pour lui, la relation maroco-française est animée, d'abord, par "le respect, la responsabilité, mais aussi par l'engagement par rapport aux valeurs universelles que nous partageons et à nos ambitions pour la région à laquelle nous appartenons". La dynamique "positive et responsable" enclenchée par les deux pays "prend en considération les intérêts des pays et des peuples" de la région, a-t-il dit, précisant que "le Maroc n'est plus un spectateur" des changements qui se profilent notamment au Maghreb. Le Royaume "est devenu un vrai acteur de sa propre transformation mais aussi de la transformation de la région", a affirmé M. Mezouar, en référence aux profondes réformes constitutionnelles annoncées par le Souverain et au soutien du Maroc aux aspirations légitimes des peuples de la région. Evoquant la révision constitutionnelle annoncée par SM le Roi Mohammed VI, M. Baraka a relevé que le discours royal du 9 mars a fixé "les grandes orientations et l'esprit de cette réforme", alors que cette révision se fera dans "une logique participative" pour aboutir à un consensus fort vers l'ancrage démocratique du Royaume. M. Mezouar a, pour sa part, souligné qu'il ne s'agit pas d'une annonce mais d'"un engagement du Souverain par conviction que cette phase de transition démocratique qui a débuté il y a plus d'une décennie doit permettre de passer à la phase de consolidation de la démocratie et de clarification des rôles". Evoquant les différentes réformes économiques accomplies par le Maroc, M. Mezouar a assuré que "les choses changent à une telle vitesse que le pays avance avec conviction et détermination vers plus de consistance et de sérieux". Il a notamment assuré que "la dynamique d'investissement se poursuit" et que "la nouvelle stratégie touristique clarifie la démarche et oriente l'investisseur vers les meilleures opportunités". MEDEF : Le discours royal "décisif" pour les investisseurs français Pour Laurence Parisot, présidente du Mouvement des entreprises de France (MEDEF), le discours royal annonçant des réformes institutionnelles est "décisif" pour les investisseurs français. "Ce discours important, porteur d'un extraordinaire espoir et qualifié d'historique par les commentateurs, est, pour nous investisseurs, décisif", a souligné Mme Parisot, lors d'une rencontre-débat sous le thème "Réformes et croissance, où en est au Maroc?". La présidente du patronat français a salué "la volonté affichée" par SM le Roi Mohammed VI pour la régionalisation avancée, basée sur "les fondements de la démocratie". "Démocratie et économie de marché vont de pair. Plus nous approfondissons la démocratie, plus nous nous donnons de chance d'approfondir la paix, la croissance et la prospérité", a-t-elle assuré.